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LA TOURMENTE, Eugenio Montale Fiche de lecture

Eugenio Montale - crédits : David Lees/ Corbis/ VCG/ Getty Images

Eugenio Montale

Troisième recueil du poète Eugenio Montale (1896-1981), La Tourmente (dont le titre complet est La Tourmente et autres textes) est paru en 1956, soit dix-sept ans après Les Occasions, précédent ouvrage poétique de l'auteur. Le recueil ne connut sa forme définitive qu'en 1957. Les poèmes qui le composent furent écrits de 1939 à 1954. Sa première partie, Finisterre, qui porte l'empreinte de la guerre, parut à Lugano en 1943 grâce au critique Gianfranco Contini. Regroupant des poèmes écrits alors que Montale habitait encore Florence et d'autres qui correspondent aux premières années de sa vie milanaise, La Tourmente est un livre majeur au cœur d'une œuvre marquée par les lieux successifs d'une existence : la Ligurie, Florence et Milan.

Une poésie du cataclysme

« Les princes n'ont point d'yeux pour voir ces grand's merveilles,/ Leurs mains ne servent plus qu'à nous persécuter... » Épigraphe du poème qui donne son titre au recueil – en italien, La Bufera, comme en écho à la bufera infernal du cinquième chant de l'Enfer de Dante – cette citation d'Agrippa d'Aubigné (1552-1630) place l'ouvrage sous le signe d'un cataclysme général, perceptible dans le réseau, d'une exceptionnelle cohérence, des sonorités et des images. Confirmant l'hermétisme – qui n'est jamais obscurité – de ses recueils antérieurs, Montale inscrit sa poétique dans une tension entre le chant funèbre et l'ironie, la crispation hautaine de la diction et l'accueil de l'« occasion », c'est-à-dire la circonstance où une bribe de sens se perçoit encore.

Le recueil compte sept parties : à Finisterre succèdent Après – qui culmine dans les « Madrigaux florentins » et la « Ballade de la clinique » –, Intermède, Flashes et dédicaces, où se trouve préfigurée la manière brève du dernier Montale. Suivent Silvae, section riche en réminiscences liguriennes, incluant un dialogue âpre et tendu, par-delà la mort, avec la figure du père, Madrigaux privés, qui se nourrit de la passion, cryptée jusqu'à l'acrostiche, pour la poétesse Maria Luisa Spaziani, dite la Renarde, enfin Conclusions provisoires où apparaît le ton prétestamentaire qui marquera dès lors la poésie de Montale, mélange très élaboré, faussement désinvolte, d'humour grinçant et d'angoisse métaphysique : « Je me suis levé, je suis retombé/ dans le fond où une minute vaut un siècle – // et les coups se répètent et les pas,/ et j'ignore encore si au festin/ je serai farcisseur ou farci. L'attente est longue,/ mon rêve de toi n'a pas de fin. »

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Écrit par

  • : écrivain, traducteur, directeur de collection et critique littéraire

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Pour citer cet article

Bernard SIMEONE. LA TOURMENTE, Eugenio Montale - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Eugenio Montale - crédits : David Lees/ Corbis/ VCG/ Getty Images

Eugenio Montale

Autres références

  • MONTALE EUGENIO (1896-1981)

    • Écrit par Patrice ANGELINI
    • 2 240 mots
    • 1 média
    Ce dialogue se poursuit à travers le recueil Finisterre, publié à Lugano en pleine guerre (1943), qui formera la première partie de la future Tourmente. Rentré à Florence après une brève parenthèse militaire, Montale, privé de ressources et caché dans un sous-sol, y vit les jours tragiques de l'occupation...

Voir aussi