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LA CITÉ ANTIQUE, Numa Denis Fustel de Coulanges Fiche de lecture

Historien universitaire, Fustel de Coulanges (1830-1889) s'est attaché à introduire la rigueur, et d'abord le scrupuleux respect des textes, dans les études historiques. Après des études d'histoire ancienne et des thèses, soutenues en 1858, sur le culte de Vesta et sur Polybe, il fut nommé, en 1860, professeur à l'université de Strasbourg où son enseignement suscita un véritable engouement. Quatre ans plus tard, il publiait à ses frais, chez le libraire Durand, son livre sur la cité antique issu d'un cours professé en 1862-1863. Le succès public fut immédiat, l'accueil des milieux savants plus réservé.

Profondément affecté par la défaite de 1870 qui l'amena à publier plusieurs articles contre les conceptions allemandes de l'histoire – celles de Theodor Mommsen, notamment –, Fustel de Coulanges se consacra à la rédaction d'une Histoire des institutions politiques de l'ancienne France qu'il laissa inachevée. Sa carrière universitaire se poursuivit, à partir de 1870, à l'École normale supérieure qu'il dirigea entre 1880 et 1883, puis à la Sorbonne où il occupa d'abord, en 1875, la chaire d'histoire ancienne, avant de devenir le premier titulaire, en 1878, de la chaire d'histoire du Moyen Âge, nouvellement créée pour lui. Les nombreux articles qui la jalonnent ont été réunis, en 1892, par son fidèle disciple, Camille Jullian, en deux volumes. Respectivement intitulés Recherches sur quelques problèmes d'histoire et Questions historiques, ils témoignent d'un traitement des faits historiques qui, aussi éloigné de l'histoire narrative d'Augustin Thierry que de l'histoire romantique de Michelet, s'inscrit dans le prolongement des œuvres de Tocqueville et de Guizot auquel il succéda, en 1875, à l'Académie des sciences morales et politiques.

La religion comme fondement de la famille et de la propriété

Divisée en cinq livres, l'« Étude sur le culte, le droit, les institutions de la Grèce et de Rome » qu'est La Cité antique s'ouvre sur une introduction qui met l'accent sur la nécessité d'examiner les croyances primitives des Anciens pour connaître leurs institutions. Le livre premier expose précisément les antiques croyances concernant l'âme et la mort, notamment. Fustel montre ensuite que la religion du foyer et des ancêtres a été le principe constitutif de la famille du genos grec et de la gens romaine qui condensent les idées de génération, de filiation et de parenté (livre II) ; puis il fait voir comment s'est formée la cité, « confédération de plusieurs groupes », et non « assemblage d'individus », dont le lien fut encore un culte, la nouvelle association entraînant la formation d'une religion commune, « si bien que la société ne s'est développée qu'autant que la religion s'élargissait » (livre III).

La partie suivante décrit les quatre révolutions qui ont transformé la cité : la perte par la royauté du pouvoir politique, la disparition du droit d'aînesse et le démembrement de la gens, l'entrée de la plèbe dans la cité, l'établissement en droit de la démocratie. Enfin, après la conquête romaine qui entraîna partout la destruction du régime municipal, le triomphe du christianisme, en changeant complètement les conditions du gouvernement, marqua la fin de la cité antique (livre V). Fustel s'arrête ainsi « à cette limite qui sépare la politique ancienne de la politique moderne ». « Nous avons fait, conclut-il, l'histoire d'une croyance. Elle s'établit : la société humaine se constitue. Elle se modifie : la société traverse une série de révolutions. Elle disparaît : la société change de face. »

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-V-Sorbonne, secrétaire général de L'Année sociologique

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Pour citer cet article

Bernard VALADE. LA CITÉ ANTIQUE, Numa Denis Fustel de Coulanges - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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