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L'ÎLE AU TRÉSOR, Robert Louis Stevenson Fiche de lecture

Robert Louis Stevenson - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Robert Louis Stevenson

L'Île au trésor (1883) n'est certes pas le premier livre de Robert Louis Stevenson (1850-1894). Il avait déjà signé de nombreux articles, essais, récits de voyages, ainsi que des poèmes et des nouvelles. L'Île au trésor est en revanche son premier roman, et constitue à ce titre un tournant dans sa carrière d'écrivain. Pour la première fois, Stevenson mène une histoire jusqu'à son terme, sans renoncer. De retour de Californie, il se donne le sentiment d'avoir passé une frontière : écrire le mot « fin » au bas d'un manuscrit, en octobre 1881, lui donne enfin des raisons d'espérer. Il en était temps : chef de famille depuis peu – il vient d'épouser Fanny Osbourne, et vit avec Lloyd, son beau-fils –, Robert Louis, à l'âge de trente et un ans, dépendait toujours financièrement de son père. Le livre marque le début de la reconnaissance, permet son émancipation et consacre de belle façon son entrée dans la carrière littéraire.

Devenu un classique de la littérature enfantine, L'Île au trésor a donc porté chance à son auteur. Tout au plus observera-t-on que le succès jamais démenti du livre a contribué à réduire l'image de Stevenson, en le cantonnant dans la catégorie des écrivains pour la jeunesse. Or la diversité de ses productions postérieures, leur étonnante complexité témoignent de la profondeur de son génie littéraire. Une profondeur déjà inscrite dans les pages de L'Île au trésor.

Un haletant jeu de piste

Dans cette œuvre, Stevenson se montre d'une grande habileté : feignant de reproduire les romances d'antan, il innove, en fait. La rupture avec les valeurs et les formes du roman victorien se marque par une intrigue resserrée, une grande économie de moyens, une souveraine désinvolture par rapport à la morale, comme l'atteste la fuite du pirate Long John Silver, qui échappe à son châtiment, grâce à la complicité tacite de l'écrivain : « De Silver, nous n'entendîmes plus jamais parler. Ce formidable marin avec une seule jambe est enfin sorti de mon existence, mais je parierais bien qu'il a retrouvé sa vieille Négresse, et qu'il vit confortablement avec elle et le capitaine Flint. Je l'espère en tout cas, car ses chances de vivre confortablement dans l'autre monde sont très minces. »

Le récit est conduit par Jim Hawkins, de manière rétrospective : il relate comment, tout jeune encore, il partit à la recherche d'un trésor qu'il finit par découvrir au terme de maintes péripéties ; le retour sur son aventure dans l'île consacre la prééminence de l'action sur la psychologie. Dans un style dépouillé et nerveux, le narrateur adulte restitue ces émotions élémentaires, entre terreur et émerveillement, qui sont l'apanage de l'enfance. Construit à la manière d'un haletant jeu de piste, le récit file droit au but, non sans réserver quelques surprises : c'est ainsi que le fameux trésor, à l'origine de toute l'entreprise, se trouve escamoté au nez et à la barbe des pirates.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Pour citer cet article

Marc PORÉE. L'ÎLE AU TRÉSOR, Robert Louis Stevenson - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Robert Louis Stevenson - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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