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RIBOUD KRISHNA (1926-2000)

Spécialiste des textiles asiatiques, Krishna Riboud a publié de nombreux ouvrages, notamment Traditional Costumes and Textiles of Japan, A.E.D.T.A., Paris, 2000, auquel elle s'est consacrée jusqu'à la fin de sa vie. Elle a créé deux fondations consacrées aux civilisations asiatiques : l'Association pour l'étude et la documentation des textiles d'Asie (A.E.D.T.A.), à Paris, et la galerie Jean et Krishna Riboud qui, dans le musée Guimet rénové, a pour vocation de présenter un ensemble remarquable de textiles d'Inde, de Chine, du Japon et d'Indonésie, d'objets d'art et de bijoux de l'Inde des xviie, xviiie et xixe siècles.

Ces réalisations sont l'aboutissement d'un parcours personnel qui a fait de Krishna Riboud une citoyenne du monde, attachée à tisser des liens entre les gens et les civilisations.

Née dans une famille indienne à Dacca, au Bengale, le 12 octobre 1926, Krishna Riboud est la fille d'un médecin du service public de santé, le docteur Roy. Elle perd son père très tôt et est élevée à Calcutta dans la famille de sa mère, petite-nièce de l'écrivain et peintre Rabindranath Tagore. Son éducation, cosmopolite, la conduit aux États-Unis grâce à une bourse accordée par l'épouse du président Tchiang Kai-chek ; là, elle étudie la philosophie et le russe au Wellesley College, près de Boston. Son professeur de langue et littérature russes n'est autre que Vladimir Nabokov. Sa connaissance du russe ouvrira à Krishna Riboud le monde de la recherche dans les pays communistes. Immergée dans la vie artistique intense du New York de l'après-guerre, elle se lie d'amitié avec le photographe Henri Cartier-Bresson. Par celui-ci, elle rencontre son futur mari, Jean Riboud, qui débute dans la banque après avoir échappé aux camps de la mort.

Amateurs d'art, ils côtoient à New York des écrivains et artistes comme Max Ernst, Brauner et Matta, mais le climat d'intolérance déclenché par l'affaire McCarthy et la carrière de Jean Riboud les poussent à quitter les États-Unis et ils partent pour la France en 1951.

Krishna Riboud se consacre alors à l'étude des textiles, forme d'art à laquelle elle a toujours été sensible, comme en témoignait son élégance vestimentaire : depuis de somptueux saris jusqu'aux costumes épurés d'Issey Miakey. Ce goût la porte vers les textiles anciens de l'Inde, qu'elle commence à collectionner lors de ses nombreux séjours dans son pays natal. En 1962, Jeannine Auboyer, conservateur au musée Guimet, lui propose d'étudier les textiles archéologiques rapportés par Paul Pelliot de ses missions en Asie centrale au début du xxe siècle. Elle complète ce travail en étudiant les textiles rapportés de Dunhuang par sir Aurel Stein et conservés au National Museum de New Delhi. Son intérêt passionné pour les textiles archéologiques chinois la met alors en contact avec des chercheurs russes, comme Evgueny Lubo-Lesnichenko, conservateur du département consacré à la Chine au musée de l'Ermitage, qui lui ouvre les collections ; à partir de 1979, de nombreux voyages lui permettent d'établir une collaboration durable avec des archéologues chinois comme Wang Xu, Wang Yarong et Peng-Hao. Elle se rend également à plusieurs reprises au Japon afin d'étudier les textiles anciens conservés dans les Trésors des temples. Grâce à l'étendue de ses contacts internationaux, Krishna Riboud était toute désignée pour occuper durant de longues années la vice-présidence du Centre international d'étude des textiles anciens (C.I.E.T.A.).

Pour ses recherches, elle n'hésite pas à recourir à la collaboration d'éminents spécialistes de l'analyse des textiles, tels Gabriel Vial, à Lyon, et Daniël De Jonghe, à Bruxelles, ainsi qu'à la nouvelle génération de chercheurs dont elle s'entoure lorsque,[...]

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Pour citer cet article

Dominique CARDON. RIBOUD KRISHNA (1926-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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