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VÁRNALIS KÓSTAS (1883-1974)

Poète officiel d'un parti pour les uns, modèle de l'écrivain engagé pour d'autres, Várnalis se situe résolument à gauche sur l'échiquier de la littérature grecque contemporaine. Après un premier recueil d'inspiration romantique, Kêrêthres (1905 ; « Gâteaux de cire »), il semble hésiter longtemps entre divers registres, du chant patriotique au sonnet parnassien, et se contente de publier dans les revues progressistes de l'époque. De fait, le tournant décisif interviendra après la ruine, en Grèce, de la « Grande Idée » et la découverte du marxisme dans le Paris de l'après-guerre, celui de Psycharis et de Barbusse, où Várnalis séjourne à plusieurs reprises. Reniant le « vers aristocratique » de ses débuts, il se lance alors dans la composition de longs poèmes lyriques : To phôs pou kaiei (1922 ; « La lumière qui brûle »), Sklaboi poliorkèmenoi (1927 ; « Esclaves assiégés », référence à un poème fameux de Solomos) où, mêlant la mythologie à la religion, la satire à l'élégie, il entend s'insurger contre l'« immense boucherie » de la Première Guerre mondiale et contre l'idéalisme dévoyé de la bourgeoisie grecque. Ignorant les déchirements d'un compagnon d'armes comme Kazantzákis, Várnalis veut être le porte-parole de ceux à qui elle est refusée, et il utilise pour cela une langue forte et imagée, toujours populaire : « Écoute les vents / chargés d'une voix millénaire / À travers mes mots / c'est toute l'humanité qui souffre. » Au-delà d'une certaine emphase, la richesse de son inspiration, son enracinement dans la réalité grecque, sa foi en une religion populaire aussi, parviennent cependant à lui faire éviter les écueils de la poésie militante. Le souci de l'hellénisme se manifeste également dans son œuvre en prose : Hé Alêthinè Apologia tou Sôkratè (1931 ; « La Véritable Apologie de Socrate »), To Hèmerologio tès Pènelopès (1946 ; « Le Journal de Pénélope »), fictions poétiques et souvent anachroniques qui visent, à travers ces grandes figures de l'Antiquité, à transmettre une vision moins idéalisée peut-être, mais d'autant plus salutaire de la « grécité ». Si ses essais critiques témoignent parfois des faiblesses attachées à tout système (Ho Solômos chôris metaphusikè, 1925 ; « Solomos sans métaphysique ») c'est, paradoxalement, dans ses écrits marginaux (Zôntanoi Anthrôpoi, 1939 ; « Hommes vivants », et Philologika Apomnèmoneumata, « Mémoires littéraires », parus en 1980) qu'il apparaît le plus convaincant et, sans doute, le plus fraternel. Plusieurs fois arrêté et condamné pour ses idées, Várnalis a été traduit et honoré en de nombreux pays, à l'exception toutefois de la France.

— Gilles ORTLIEB

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Pour citer cet article

Gilles ORTLIEB. VÁRNALIS KÓSTAS (1883-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRÈCE - Langue et littérature

    • Écrit par Christophe CHICLET, André MIRAMBEL, Panayotis MOULLAS
    • 7 317 mots
    ...préfère, quant à lui, l'évocation d'un cosmopolitisme ottoman disparu. Une quatrième école trouve un regain d'espoir dans le nouveau monde marxiste : Kostas  Varnalis (1884-1974) et Markos Avgéris (1884-1975). Varnalis est le premier à critiquer le pessimisme ambiant et à fustiger le défaitisme. Par son esprit...

Voir aussi