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MUROBUSHI KŌ (1947-2015)

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Une renommée mondiale

Dans le butō, où le solo est très répandu, Murobushi recherche toujours la rencontre. Le duo est pour lui la forme la plus à même représenter ses visions artistiques. Dans beaucoup de ses œuvres, il met en scène le dialogue avec un univers opposé à la culture japonaise. Il se nourrit de littérature occidentale aux accents sulfureux (Lautréamont, Sade, Artaud, Genet, Bataille, Nietzsche, etc.). Dans Le Centaure et l'animal, son duo avec Bartabas (créé en 2010 à Blagnac et présenté notamment au Théâtre national de Chaillot), Murobushi se meut en animal souterrain et mythologique. Il est accompagné, en fond sonore, d'extraits des Chants de Maldoror de Lautréamont.

Murobushi Kō est lui-même poète, dans l'esprit et par son écriture. Il sait insuffler sa propre poétique au concept d'un corps partiellement infirme, comme dans un texte écrit en 1992 au sujet du « premier danseur » de l'humanité, qui est selon lui à la fois un voyageur et un forgeron, borgne et boiteux. En 2011, ses poèmes sont présents dans Krypt. The Last Song I Dance, où il partage la scène avec la chanteuse et performeuse rwandaise Dorothée Munyaneza. Ils sont accompagnés des musiciens expérimentaux Alain Mahé et Jean-François Pauvros. Dans ce spectacle, Murobushi Kō développe l’idée d'un corps à la fois occidental et transcendantal, par exemple quand il se couche au sol et utilise son crâne rasé pour déplacer une pierre d'une taille impressionnante, selon sa devise : « Notre corps est de métal - seul au monde, en quête, vagabond... »

Murobushi Kō - crédits : M. Cabral/ AFP

Murobushi Kō

Avec un corps dur et athlétique depuis qu’il est adulte, Murobushi Kō fait preuve d'une souplesse mentale hors pair. Sur scène, il laisse une large place à l'improvisation, considérant que seule une danse ouverte à toutes les circonstances est une danse vivante. Sans cesse à la recherche d'expériences nouvelles, il travaille aussi avec d'autres chorégraphes, comme dans Dissection d'un homme armé de Bernardo Montet (2000) et Murmullosdel Páramo, opéra expérimental du Mexicain Julio Estrada (2006). C’est également en 2006 qu’il crée Quick Silver, un solo qu'il présentera dans le monde entier.

Alors qu’il donne de plus en plus de cours de maître à travers le monde, Murobushi Kō retrouve en 1999 Ariadone pour chorégraphier Haru no saiten, une version du Sacre du printemps créée au Théâtre de la Bastille (Paris) avec Ikeda Carlotta en scène, puis, en 2012 pour la création d'une pièce de groupe, Un coup de don, le « don » étant l'onomatopée japonaise qui mime une déflagration. Cette dernière collaboration, où Ikeda Carlotta est la directrice artistique alors que Murobushi Kō signe la chorégraphie, est née sous l’influence du séisme de mars 2011. Elle traite de Fukushima, Hiroshima et Nagasaki, à travers des extraits du film Hiroshima mon amour d’Alain Resnais.

En octobre 2015, Murobushi Kō devait créer une nouvelle pièce de groupe à Paris, préparée entre autres au cours d'une résidence à Vienne (Autriche). Après sa tournée au Brésil, où il a présenté deux spectacles (dont Faux Pas, solo de 2014) et donné un stage à São Paulo (Brésil), il repart vers Vienne. C’est au cours de ce voyage qu’il décède le 18 juin 2015, lors d’une escale à Mexico.

— Thomas HAHN

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Pour citer cet article

Thomas HAHN. MUROBUSHI KŌ (1947-2015) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 17/12/2015

Média

Murobushi Kō - crédits : M. Cabral/ AFP

Murobushi Kō

Autres références

  • BUTŌ

    • Écrit par
    • 3 838 mots
    Murobushi Kō a travaillé avec Hijikata de 1968 à 1970 avant d'entrer au Dairakuda-Kan en 1972. Il fonde ensuite deux groupes : le premier, Ariadone, constitué uniquement de danseuses, en 1974, dont il confie la direction à Ikeda Carlotta ; le second, Sebi, entièrement masculin, en 1976, qu'il dirige...
  • IKEDA CARLOTTA (1941-2014)

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    • 954 mots
    • 1 média
    ...les créations précédentes d'Ariadone sont signées par les fondateurs de Daidarudakan : Maro Akaji (Volcan féminin, 1975 ; Chiisako, 1987) et surtout Murobushi Kō (Le Dernier Éden, 1978 ; le fameux solo Utt, 1981, où Ikeda parcourt les différents âges de la vie d'une femme ; Hime, 1985, etc.)....