Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TORRES GONZÁLEZ JUAN JOSÉ (1919-1976)

Originaire de Cochambara, Juan José Torres entre en 1941 à l'École militaire d'artillerie d'Argentine. Chef d'état-major et instructeur des régiments d'artillerie, il enseigne à l'École militaire de Bolivie. Commandant en second de la division d'artillerie, il devient bientôt commandant en chef des forces armées. Il servira un temps comme attaché militaire au Brésil, puis sera ambassadeur en Uruguay. Revenu en Bolivie, il occupe le poste de ministre du Travail dans le gouvernement Barrientos. Membre de la Phalange socialiste bolivienne (parti de droite) durant sa jeunesse, il demeure fervent nationaliste, mais opte rapidement pour le socialisme.

En octobre 1970, alors que le président Siles Salinas a été, quelques mois auparavant, renversé par le général Alfredo Ovando Candía, commandant en chef des forces armées boliviennes, et que celui-ci s'est vu dépassé par un coup d'État dirigé par le général Miranda, le général Torres lance un contre-coup d'État visant à évincer la droite que représente Miranda ; soutenu par une minorité de l'armée et par l'ensemble des travailleurs boliviens qu'a mobilisé la Centrale ouvrière bolivienne, il prend le pouvoir et devient le cent quatre-vingt-troisième président de la Bolivie. Le gouvernement qu'il instaure s'avère peu stable dès le départ, car, outre le fait qu'il est soutenu par une minorité de l'armée, il se heurte aux ouvriers qui ne lui apportent qu'en partie leur concours et réclament des armes pour protéger par la force, si besoin, leurs nouvelles conquêtes ; seules les classes moyennes le soutiennent, mais le pouvoir laisse se développer toutes intrigues et conjurations. Sous la pression des travailleurs, Torres adopte diverses réformes : reprise en société bolivienne des mines de zinc tenues par la firme américaine Philips Brothers ; annulation des concessions pétrolifères accordées au consortium américain Bolivian Atlantic Corporation ; financement par des capitaux non américains (français, italiens, japonais, yougoslaves, hongrois et tchèques) de diverses industries, notamment pétrochimie et sidérurgie ; de la même manière, il sollicite un concours accru de la B.I.R.D. Torres accepte l'extension des libertés syndicales et politiques ; il fait divulguer certains crimes ou actes des gouvernements antérieurs (vente d'armes à Israël par Barrientos et Ovando ; assassinats de dirigeants syndicaux ou politiques) ; il assure la libération de l'intellectuel français Régis Debray. Par contre, Torres fait réprimer les actions des paysans pauvres de la région nord de Santa Cruz et de celle de Potosí, l'Union des paysans pauvres (U.C.A.P.O.) y ayant tenté de redistribuer des latifundia aux travailleurs. Sous Torres et avec son accord officiel naît une nouvelle organisation politico-syndicale qui, sous le nom d'Assemblée du peuple, se réunit dans les locaux du Congrès national dans le but de définir la politique à suivre par les travailleurs ; l'organisme est formé d'environ 60 p. 100 d'ouvriers, auxquels s'ajoutent les représentants des paysans et de tous les partis de gauche ; considérée comme un pouvoir parallèle, à la fois législatif et exécutif, par certains, comme un moyen de divertir les travailleurs et de les détourner ainsi de la prise du pouvoir, par d'autres, cette assemblée étudie la participation des travailleurs au sein de la Corporation minière de Bolivie (institution nationalisée) et la création d'une université unique.

La plus grande partie des masses refusant de participer au pouvoir de Torres et les syndicats dénonçant, outre la droite, ce gouvernement même, Torres se retrouve dans une position particulièrement difficile : d'une part, les officiers supérieurs de l'armée ont été formés aux États-Unis et sont favorables à la droite[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Augustin AMELLER. TORRES GONZÁLEZ JUAN JOSÉ (1919-1976) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOLIVIE

    • Écrit par Virginie BABY-COLLIN, Jean-Pierre BERNARD, Universalis, Jean-Pierre LAVAUD
    • 11 790 mots
    • 8 médias
    ...marquée par des politiques nationalistes, avec notamment la nationalisation de la compagnie nord-américaine Gulf Oil. Le président suivant, le général Juan José Torres – qui arrive au pouvoir après une période confuse de disputes au sein de l'armée, suscitée par des opposants à l'option nationaliste...