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SHINES JOHNNY (1915-1992)

Un des grands maîtres du Delta blues et un des créateurs du Chicago blues électrique, Johnny Shines ne connaîtra que tardivement la notoriété. Il naît à Frayser, dans le Tennessee, le 26 avril 1915. Guitariste et chanteur de rues dans le Delta puis à Memphis, Shines est durant deux ans associé avec Robert Johnson, en compagnie duquel il parcourt le Sud. Cette association marquera durablement son blues, notamment son jeu de guitare au bottleneck, même si Shines prétendra toujours avoir lui-même beaucoup appris à Johnson. À la mort de ce dernier, en 1938, Johnny Shines séjourne à Saint Louis, où il côtoie le chanteur à la voix déclamatoire et presque stridente « Blind » Teddy Darby, qu'il essaiera d'imiter le reste de sa carrière.

Lorsque Johnny Shines arrive à Chicago en 1941, il est un musicien accompli. Très intelligent et sensible, doué d'un vrai sens poétique, se créant une philosophie personnelle de la vie et des hommes, Johnny compose des blues originaux aux métaphores puissantes et aux chutes finales dignes de grands écrivains. À partir de 1946, il enregistre plusieurs chefs-d'œuvre d'émotion vibrante pour de petits labels (Ramblin', Evening Sun, Livin' in the White House, Brutal Hearted Woman), largement réunis sur Evening Shuffle. The Complete J.O.B.Recordings 1952-53 (WestSide).

Mais ces disques ne se vendent guère et Shines est obligé de gagner sa vie comme ouvrier du bâtiment. Ce n'est qu'en 1965 qu'il est repéré par le producteur Sam Charters. Celui-ci lui fait enregistrer cinq titres pour sa célèbre anthologie Chicago/The Blues/Today ! (Vanguard). La séance révèle brusquement Shines à un vaste public international qui le voit comme le compagnon et le continuateur de Robert Johnson, un rôle que Shines assumera brillamment tout en s'en plaignant.

Johnny entreprend enfin une carrière commerciale conforme à ses talents. Il participe à de nombreux concerts, festivals, tournées en Amérique et en Europe, fait partie des Chicago Blues All-Stars de Willie Dixon et s'affirme comme un des plus authentiques et des plus brillants bluesmen. À la fin des années 1970, il s'associe à Robert Jr. Lockwood, un autre proche de Robert Johnson, peu de temps avant d'être frappé d'une crise d'hémiplégie qui le diminue considérablement. À force de volonté, Shines réussira à remonter sur scène, souvent aidé de l’excellent guitariste David Evans. Johnny Shines meurt à Osceola (Arkansas), le 20 avril 1992.

Les nombreux albums qu’il a enregistrés, tous très bons, présentent quelques sommets, comme Last Night's Dream (Warner, 1968), Johnny Shines (Hightone,1976) ou The Johnny Shines Blues Band (Testament), qui apparaissent comme certains des témoignages les plus accomplis de la modernisation et de l'électrification du Delta blues.

— Gérard HERZHAFT

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Gérard HERZHAFT. SHINES JOHNNY (1915-1992) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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