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GALLIANO JOHN (1960- )

Modèle de John Galliano - crédits : Stephane Cardinale/ Sygma/ Getty Images

Modèle de John Galliano

C’est par une collection de fin d’études inspirée des « Incroyables » du Directoire que John Galliano (né en 1960 à Gibraltar, Espagne) achève en 1984 sa scolarité à la Saint Martin School of Arts de Londres, affirmant ainsi d’emblée son goût et pour l’excentricité et pour l’histoire de la mode et du costume. Il connaît là son premier succès, avant d’avoir créé sa marque, ce qu’il fait la même année. Sans doute cette double affiliation, qu’il ne cessera ensuite d’exploiter, explique-t-elle en partie l’intérêt que le groupe L.V.M.H., en quête d’une nouvelle légitimité pour ses maisons de haute couture, lui portera une dizaine d’années plus tard, lui confiant d’abord la direction artistique de Givenchy (premier défilé en janvier 1996) puis, après deux saisons, celle de Christian Dior, ministère qu’il inaugurera en janvier 1997 alors que le temple du new look fêtait son cinquantième anniversaire.

Il est vrai que depuis 1990 – il présente alors pour la première fois ses modèles à Paris –, son nom suscite, dans le milieu de la mode, un engouement croissant tout en provoquant des controverses. D’un côté, on loue ses talents de coupeur, son habileté à renouer avec certaines traditions techniques, qui furent en leur temps des innovations, par exemple la coupe en biais, qui a rendu célèbre Madeleine Vionnet durant l’entre-deux-guerres. « Tu as une façon à toi de tourner le tissu, de le rouler [...]. Avant, c’était tenu par des points cachés, il fallait un bustier. Chez toi, c’est roulé de façon à ce qu’on ne voie rien. C’est ça le grand chic », lui déclare en septembre 1994 Azzedine Alaïa, autre admirateur de Vionnet, dans le mensuel Glamour. Envolées de drapés, tombés au ralenti, biais contournés : cette insistance à structurer avec une sophistication théâtrale les volumes féminins vaudra à John Galliano la réputation d’avoir su redonner à la mode précisément ce glamour disparu depuis les années 1950. « Mes modèles encensent la féminité, affirme-t-il dans le no 1423 du Journal du textile, et je crois que cette qualité fait vibrer une corde chez les femmes à qui l’on a offert des vêtements déconstruits et asexués. » A contrario, ses détracteurs fustigent une mode costumière, où caracos xviiie, crinolines xixe, corsets « Masaï » illustrent un penchant à une « pictorialité du style », qui relève d’un « illusionnisme » de marketing selon Daniel Licht (Jardin des modes, no 189).

Avec l'introduction, en 1999, de l’imprimé du logo Dior sur une petite blouse en soie teintée, la prise en charge de la communication de la marque et la poursuite d’une collaboration de longue date avec le photographe britannique Nick Knight, Galliano réinvente l’image de la marque Dior. Présentée à Paris en 2000, aussi décriée que louée, la collection « Clochards », en hommage à « l’ingéniosité que déploient les déshérités pour se vêtir », soulève l’indignation et marque les annales de la mode. En 2003, le couturier ouvre une boutique à son nom rue Saint-Honoré, à Paris, et lance sa collection pour hommes. En 2011, John Galliano ne fait plus partie de la maison Dior. Il collabore avec la maison Oscar de la Renta en 2013.

— Farid CHENOUNE

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Farid CHENOUNE. GALLIANO JOHN (1960- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Modèle de John Galliano - crédits : Stephane Cardinale/ Sygma/ Getty Images

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