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TURINA JOAQUÍN (1882-1949)

Musicien espagnol, pianiste, compositeur et professeur, fortement imprégné par le style andalou flamenco. Joaquín Turina naquit à Séville, où il étudia avec E. García Torres, avant d'être l'élève, à Madrid, de José Tragó et, à Paris (où il resta de 1905 à 1914), de Moritz Moszkowski (1854-1925) et de Vincent d'Indy à la Schola cantorum. Ce dernier influença nettement son élève, lui donnant le souci de la construction rigoureuse, le goût de l'analyse et d'un certain classicisme, ce qui tempéra sans nul doute ce qu'avait de « romantique » et d'informel le legs musical hérité de l'Andalousie flamenca ; certains (tel Adolfo Salazar) ont nié cette influence : « Autant prétendre unir l'eau et le feu », a écrit Salazar. Mais personne n'a voulu réduire l'apport de Turina à ce qu'il reçut de l'enseignement de la Schola ; son œuvre est, d'ailleurs, très vaste et plusieurs courants s'y dessinent.

En raison de cette multiplicité d'inspiration, l'œuvre de Turina a suscité autant d'admirateurs que de détracteurs. Tels vantent les œuvres pour piano (Danzas fantásticas, op. 22, 1920 ; Sevilla, 1909 ; Sonate romantique, 1911 ; Mujeres españolas ; El Circo ; Siluetas ; Jardín de las niñas ; En la zapatería ; Por las calles de Sevilla ; El Castillo de Almodóvar...) où l'écriture claire et empreinte de couleur locale convient bien au sujet traité. D'autres admirent certaines œuvres pour orchestre (Sinfonía sevillana, op. 23, 1920 ; La Procesión del Rocío, op. 9, 1912 — justement louée par Debussy — ; Rapsodia sinfónica pour piano et orchestre, op. 66, publiée en 1931 ; El Evangelio de Navidad). D'autres encore préfèrent sa musique de chambre, exempte de tout pittoresque (un quatuor à cordes, op. 4, 1911, et un quatuor avec piano, un quintette, deux trios, le premier de 1926 et surtout le second de 1933 ; La Oración del torero, op. 34, 1926, d'abord écrite pour quatre luths, puis transcrite pour orchestre à cordes). Il faudrait aussi citer les pages pour orgue, pour guitare (sous l'influence notamment du soliste Andrés Segovia), les mélodies, les musiques de scène (La Navidad de sierra, La Adúltera penitente de Moreto) et les opéras (Margot, Jardín de Oriente).

Même vivant à Madrid, où il fut professeur au Conservatoire de musique à partir de 1931, et où il mourut, Turina, quand il a voulu inscrire son œuvre dans un esprit national, s'est surtout inspiré de la tradition andalouse. À l'encontre de Granados, de Falla, d'Albéniz, de J. Nín ou de R. Halffter, Turina est épris de logique et d'ordre. De plus, en raison de sa vaste culture et animé du souci de fonder sa technique et son style, Turina put écrire une Enciclopedia abreviada de la música (2 vol., Madrid, 1917, 1947) ainsi qu'un Traité de composition musicale (2 vol., Madrid, 1947, 1950). Peut-être García Lorca a-t-il saisi un des traits essentiels de Turina lorsqu'il évoque, à propos de ses pages pour orchestre, cet « arc de triomphe sentimental et sensuel ».

— Pierre-Paul LACAS

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

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Pour citer cet article

Pierre-Paul LACAS. TURINA JOAQUÍN (1882-1949) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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