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YOYOTTE JEAN (1927-2009)

Dans le domaine de l'égyptologie et même bien au-delà, le nom de Jean Yoyotte restera toujours présent, tant son œuvre s'impose déjà comme une source inépuisable d'informations et de réflexions. Cet historien d'une érudition et d'une curiosité immenses, dont les travaux se sont nourris du contact direct avec les vestiges du passé, s'est hissé parmi les rares égyptologues à avoir de l'Égypte ancienne une perception aussi pénétrante que globale. Ouvert aux divers aspects de la civilisation pharaonique, il n'en a pas moins montré une prédilection pour deux sujets : la géographie politique et religieuse du Delta du Nil, d'une part, et le dernier millénaire de l'histoire pharaonique, d'autre part.

Né à Lyon le 4 août 1927, le jeune Yoyotte se trouve dès 1932 à Paris où, pendant ses études au lycée Henri-IV, il se passionne vite pour l'Égypte des pharaons, parvenant même à se faire admettre aux « cours d'égyptologie » de l'école du Louvre, puis à ceux de l'École pratique des hautes études (E.P.H.E.). En 1945, âgé de dix-huit ans, il entame une licence d'histoire. Devenu stagiaire au Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.) en 1948, il rejoint le cabinet d'égyptologie du Collège de France où, au contact de Pierre Montet, il parfait son sens de la recherche, notamment en matière de géographie historique. L'année suivante, il signe ses premières publications, avant d'obtenir en 1952 un diplôme d'études supérieures qui lui ouvre au Caire les portes de l'Institut français d'archéologie orientale (I.F.A.O.), où il sera pensionnaire pendant quatre ans, le temps d'explorer les sites antiques du Delta, dont Tanis.

De retour à Paris en 1957, Jean Yoyotte retrouve le C.N.R.S. avec le statut de chercheur qui lui donne la possibilité d'enrichir une bibliographie déjà abondante. En 1964, il est élu directeur d'études à la Ve section de l'E.P.H.E. Commencent alors vingt-six années d'enseignement consacrées à de multiples sujets se rapportant à la « Religion de l'Égypte », conformément à l'intitulé de son cours. Devant un auditoire séduit par son approche des problèmes, il aborde nombre de thèmes peu explorés et privilégie l'étude des documents négligés ou même ignorés, en sacrifiant à une méthode aussi exigeante que rigoureuse. Ses conférences deviennent ainsi une étape aussi incontournable que décisive dans la formation de plusieurs générations d'égyptologues. Parallèlement, il organise ce qui devient le Centre Wladimir Golenischeff, faisant d'un simple centre documentaire un véritable laboratoire de recherche où il permet à divers projets de se développer malgré des moyens modestes. Dès 1964, il est en outre chargé de prendre la suite de Pierre Montet à la tête de la Mission française des fouilles de Tanis, afin de relancer une prospection interrompue depuis 1956. Dix campagnes menées entre 1965 et 1984 lui permettront d'explorer systématiquement plusieurs secteurs de la concession et de procéder enfin à un relevé topographique complet du site. Son activité dans ce domaine l'amène en 1987 à jouer un rôle déterminant dans l'organisation de l'exposition Tanis. L'or des pharaons en mettant à l'honneur les dernières découvertes ; cette manifestation prestigieuse fit d'abord étape au Grand Palais à Paris puis à Marseille, avant de se déplacer à Édimbourg et sur le continent austral. En 1991, le travail de Jean Yoyotte est récompensé par son admission au Collège de France, où il est élu professeur avec un programme centré sur l'Égypte tardive qu'il présente dans sa leçon inaugurale le 27 mars 1992. Jusqu'en 1997, il occupe la chaire inaugurée par Jean-François Champollion en consacrant notamment ses cours à l'étude de la Naucratis « égyptienne[...]

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Écrit par

  • : égyptologue attaché à la chaire Civilisation pharaonique du Collège de France

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Pour citer cet article

Olivier PERDU. YOYOTTE JEAN (1927-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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