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FOLON JEAN-MICHEL (1934-2005)

Le plus aimable des dessinateurs était avant tout un enchanteur. En 1975, les téléspectateurs français découvrent sur Antenne 2 l'envol dans un ciel d'aquarelle d'un homme aux longs bras, vêtu d'un pardessus et coiffé d'un chapeau. Ce générique bouclait quotidiennement les programmes de la chaîne, et c'est à cette occasion qu'un large public fit la connaissance d'une des innombrables créatures de Jean-Michel Folon. Ce dernier, qui avait alors déjà atteint la quarantaine, venait d'un pays voisin.

Né à Uccle, près de Bruxelles, le 1er mars 1934, Folon commence par étudier l'architecture. Puis il quitte la Belgique pour Bougival, en région parisienne, et se prend de passion pour le dessin, qu'il pratique chaque jour assidûment pendant cinq ans. À Paris, il ne rencontre d'abord aucun encouragement. Mais plusieurs magazines, dont le New Yorker, ayant accepté de publier les dessins qu'il leur avait envoyés, il part pour les États-Unis en 1960. À partir de 1967, Time fera paraître quatre couvertures signées Folon. Affiches, décors, livres, vignettes : ses images douces et mélancoliques s'égrènent au fil des années suivantes. En 1970, il est présent dans le pavillon belge de la trente-cinquième biennale de Venise. Trois ans plus tard, il recevra le grand prix de la douzième biennale de São Paulo.

Première manifestation d'envergure, une centaine de ses œuvres sont exposées successivement au musée des Arts décoratifs à Paris en 1971, puis au palais des Beaux-Arts de Charleroi et au musée d'Art moderne de Bruxelles.

Amateur de livres, Folon illustre des ouvrages aussi différents que La Métamorphose de Kafka, les Chroniques martiennes de Bradbury ou encore l'œuvre complet de Prévert, en sept volumes. En 1980, douze aquarelles et collages servent de contrepoint à L'Automne à Pékin de Vian. Pour L'Inutile Beauté de Maupassant, tout comme pour Les Ruines circulaires de Borges, Folon signe des séries d'aquatintes et d'eaux-fortes.

Ses territoires d'intervention se multiplient, depuis le très grand format – comme sur les murs du métro de Bruxelles ou sur ceux de la gare de Waterloo à Londres – jusqu'au tout petit, avec le timbre-poste. Il imagine même, en 1989, l'emblème de l'exposition internationale philatélique à Paris. La même année, son icône « aux oiseaux » devient le symbole de la commémoration de la Révolution française sur de nombreux timbres et objets commémoratifs dans le monde.

L'engagement militant de Folon pour la défense des droits fondamentaux l'entraîne vers un thème voisin, lorsqu'il illustre les campagnes d'Amnesty International. Il a aussi accompagné d'images la réédition de la Déclaration universelle des droits de l'homme, en 1988. Sensible aux problèmes de l'environnement, il participe à sa manière aux luttes écologiques, par un ensemble de gravures et d'affiches intitulé Notre Terre, et destiné à alerter l'opinion sur la sauvegarde de la planète. L'exposition (1991) circulera dans les villes et les villages français. Toujours sur le thème de la nature et de sa protection, Folon réalise en Italie des films animés et de grandes affiches, dont certaines seront installées en 1998 place Saint-Pierre à Rome.

Mêlant la veine poétique à une sensibilité pour les éléments naturels, Folon a installé en 1997 une sculpture en bronze face à la mer, à Knokke-Le Zoute, dans son pays natal. L'œuvre émerge et s'immerge au rythme du flux et reflux des marées : il la nomme La Mer, ce grand sculpteur.

À la fin de sa vie, Folon recourait encore à d'autres modes d'expression. De la sculpture, il passe aux cartons de tapisseries et aux vitraux – ou bien son goût pour la scène l'entraîne vers l'opéra, et il conçoit en 2004 les décors de [...]

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Hervé GAUVILLE. FOLON JEAN-MICHEL (1934-2005) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )