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LECOMTE JEAN (1898-1979)

Jean Lecomte a entièrement consacré sa vie scientifique à la recherche dans le domaine de l'infrarouge.

En décembre 1919 Jean Lecomte entre à la Sorbonne au laboratoire de recherches physiques, alors dirigé par Gabriel Lippman, bientôt remplacé par Aimé Cotton. Il y brigue une place de travailleur libre, car de famille très aisée, il ne demande pas de salaire et veut simplement effectuer un travail de recherches correspondant à ses goûts et à ses aptitudes. Cette situation se prolonge jusqu'à la création, en 1939, du C.N.R.S., issu de la transformation et de la fusion d'autres organismes, qui lui accorde le titre de maître de recherches.

Dès son entrée à la Sorbonne, Lecomte propose à Gabriel Lippman l'étude du spectre infrarouge. Ce domaine électromagnétique était, en effet, l'objet de recherches poussées en Allemagne et, dans une moindre mesure, aux États-Unis. Jean Lecomte avait pressenti les développements considérables que l'on pouvait attendre de ces études et l'intérêt de les implanter en France où elles étaient alors inconnues. Cinq ans après ses débuts, en 1924, Jean Lecomte soutient sa thèse de doctorat d'État sur « les spectres infrarouges des molécules organiques ».

Durant ce court laps de temps, partant de rien, il construit un spectromètre infrarouge dont la réalisation demanda des prodiges d'ingéniosité et d'adresse. Dès cette époque héroïque, on interpréta correctement les spectres d'absorption infrarouges comme correspondant aux mouvements des atomes à l'intérieur des molécules, mais cette interprétation restait plutôt qualitative. C'est le développement de la mécanique quantique, vers 1926, qui fournit les bases théoriques nécessaires à une interprétation quantitative.

À peu près en même temps, la découverte de l'effet Raman, en 1928, apporta une technique complémentaire dans l'étude de ces mêmes phénomènes. Cette année-là, Jean Lecomte a édité son premier ouvrage, Le Spectre infrarouge ; celui-ci représente alors la somme de toutes les connaissances acquises dans le domaine à cette époque. La réputation du physicien est établie et élèves et collaborateurs se présentent à lui pour former l'équipe infrarouge qui vit se succéder de nombreux chercheurs ; ceux-ci ont, à leur tour, créé des équipes dans l'enseignement supérieur, au C.N.R.S. ou dans l'industrie.

Jean Lecomte possédait une très grande intuition et des qualités remarquables d'expérimentateur. Toute sa carrière fut marquée par deux soucis : le développement et l'amélioration de la technique infrarouge (tour à tour sources, récepteurs, appareils dispersifs ont profité de son expérience et de ses innovations) et les applications possibles aux domaines les plus variés. Outre la technique appliquée à la détermination des structures moléculaires qui représente une grande partie de son œuvre, il avait proposé, très tôt avant la Seconde Guerre mondiale, l'étude de la transmission des ondes infrarouges dans l'atmosphère. Son deuxième livre, Le Rayonnement infrarouge, paru en 1948, est le reflet de ces préoccupations diverses. L'utilisation du spectre infrarouge ne se limitait d'ailleurs pas à des problèmes pratiques, mais revêtait également un caractère fondamental. Dès 1942, il s'intéresse aux relations entre l'absorption et la dispersion d'un rayonnement et montre que le domaine infrarouge se prête particulièrement bien à de telles études.

L'extension du spectre infrarouge vers les grandes longueurs d'ondes avait également retenu très tôt son attention et devait donner lieu à la réalisation d'un appareil commercial.

La Seconde Guerre mondiale et les années suivantes allaient voir un bouleversement des techniques dont la spectroscopie infrarouge allait profiter grandement avec l'apparition[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., responsable d'un service de recherche au département de recherches physiques à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

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Josette VINCENT. LECOMTE JEAN (1898-1979) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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