YELLEN JANET (1946- )
La carrière à la Réserve fédérale
En 2004, elle accepte la présidence de la branche californienne de la Réserve fédérale, représentant plusieurs États de l’ouest du pays. Au sein des instances de la banque centrale, elle passe pour la porte-parole des « colombes », les partisans d’une vision souple de l’action monétaire, d’inspiration keynésienne, face aux « faucons », les monétaristes que la moindre dérive des prix alarme. Elle affirme régulièrement la nécessité d’utiliser l’arme monétaire non seulement dans la lutte contre l’inflation, mais également en cas de ralentissement économique dans la lutte pour le plein emploi.
Après 2004, elle devient l’un des personnages clés de la Réserve fédérale, alors dirigée par Alan Greenspan. Leurs rapports sont courtois mais distants. Le mélange de mystère et d’esbroufe qui assure à Greenspan un statut de vedette agace et inquiète Janet Yellen. Chef de file des colombes, elle met néanmoins en garde contre les risques de formation d’une bulle immobilière du fait d’une politique monétaire trop laxiste.
Ce positionnement la rapproche de Ben Bernanke, qui devient président de la banque centrale après le départ de Greenspan en 2006 et la nomme vice-présidente en 2010. Elle apporte alors son soutien à la politique de quantitative easing(« assouplissement quantitatif ») menée par Bernanke. L’assouplissement quantitatif désigne des mesures de politique monétaire que les spécialistes qualifient de non conventionnelles pour relancer la dynamique économique : en débarrassant les banques de certains actifs plus ou moins douteux, améliorant ainsi la sûreté de leurs bilans, la banque centrale les incite à prêter davantage aux entreprises.
En janvier 2014, Janet Yellen est nommée présidente de la banque centrale par Barack Obama. Elle devient la première femme à occuper ce poste aux États-Unis. Durant son mandat, elle poursuit la politique d’assouplissement quantitatif, dont le bilan est pourtant mitigé. Certes, le taux de chômage est de nouveau très faible aux États-Unis (moins de 5 %), mais la croissance ne parvient pas à retrouver le niveau qu’elle atteignait avant 2008. Le bilan de la Réserve fédérale représente environ un quart du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis, alors qu’il n’était que de 10 % avant la crise de 2008 ; or les taux d’intérêt extrêmement bas finissent par laminer les rendements bancaires : la marge de manœuvre dont dispose sa présidente pour éviter une nouvelle crise financière est donc plus que jamais étroite. En automne 2017, constatant une consolidation de la croissance, la Réserve fédérale décide de commencer à dégonfler très progressivement son bilan.
Donald Trump décide de ne pas renouveler le mandat de Janet Yellen, qui quitte donc la présidence de la Réserve fédérale en février 2018. Elle est remplacée par Jerome Powell.
En novembre 2020, elle est choisie par le président élu Joe Biden pour devenir secrétaire au Trésor des États-Unis. Elle est confirmée par le Sénat le 25 janvier 2021 et devient la première femme à occuper ce poste.
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Écrit par
- Jean-Marc DANIEL : professeur émérite de sciences économiques, ESCP Europe
Classification
Média