Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ČANKAR IVAN (1876-1918)

On peut traduire Shakespeare, s'imprégner de Nietzsche et de Dostoïevski, laisser éclater un lyrisme toujours impatient, sans pour autant rester dans les rangs des néo-romantiques. Cankar en est la preuve : du poète « décadent » des Erotika a surgi un romancier et un dramaturge puissant, que l'on a considéré parfois comme le précurseur de la « littérature prolétarienne ». Contesté de son vivant, cet écrivain slovène fut découvert après sa mort ; mais, comme si le cycle de sa destinée recommençait au moment où on le croyait achevé, il sert encore aujourd'hui de prétexte à des polémiques : en 1948, les critiques yougoslaves ont dû défendre son « progressisme » contesté par leurs confrères bulgares.

La confession d'un enfant de la fin du siècle

Il s'est d'abord senti humilié, offensé, comme Nelly ou Vania, ces héros dont il devait tant chérir la triste figure. Sans doute avait-il eu la malchance de naître chez un pauvre tailleur de Vrhnika (Slovénie), dans une famille nombreuse, qui lui demanda bien des sacrifices. Mais surtout sa vocation d'écrivain s'éveilla en des temps où la poésie avait passé contrat avec la malédiction. Dans les Erotika (1899), déjà marqué par Prešern et Heine, le jeune homme morose, qui s'évade de sa solitude viennoise en laissant libre cours au délire de son imagination, a seulement la hardiesse d'un épigone de Heine et de Baudelaire. Et l'évêque de Ljubliana devait être bien inculte ou naïf, qui acheta tous les exemplaires du recueil « démoniaque » pour en faire un bel autodafé.

Le courant autobiographique n'a jamais cessé de traverser l'œuvre de Cankar, mais l'écrivain a su bientôt se dépouiller de parures vraiment trop voyantes. L'image d'une mère chérie vient éclairer ses souvenirs d'enfance : Sur la montée (Na klancu, 1902) ; La Croix sur la montagne (Križ na gori, 1904).

Dans Ma Vie (Maje živlenje, 1914) et Mon Champ (Maja nijva, posthume), c'est encore à travers sa propre expérience intérieure qu'il revit la tragédie des hommes de son temps.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. ČANKAR IVAN (1876-1918) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SLOVÉNIE

    • Écrit par Evgen BAVCAR, Antonia BERNARD, Emmanuelle CHAVENEAU, Universalis, Edith LHOMEL, Franc ZADRAVEC
    • 10 206 mots
    • 5 médias
    On doit à Cankar l'élaboration de l'écriture moderne dans le discours romanesque et dramatique : une phrase, musicale et bien rythmée, que l'on pourrait qualifier d'impressionniste, riche en métaphores et aussi en symboles, un art du dialogue à la fois réaliste et symboliste. C'est une prose toute pénétrée...

Voir aussi