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TIMOCHENKO IOULIA (1960- )

Femme politique ukrainienne, Première ministre d’Ukraine en 2005, puis de 2007 à 2010.

Ioulia Timochenko est née le 27 novembre 1960 dans l'est de l'Ukraine, à Dnipropetrovsk (Dnipro), centre d'un gigantesque complexe industriel, surnommé la « fabrique des cadres » au temps de l'Union soviétique, devenu le principal lieu d'enrichissement des nouveaux pouvoirs financiers après la chute du régime communiste. Issue d'un milieu modeste, Ioulia Timochenko épouse le fils d'un cadre du parti, alors qu'elle est encore étudiante en économie. Le jeune couple met à profit les possibilités offertes par la perestroïka en créant un petit commerce de location de vidéos. Douée d'un sens inné des affaires, la jeune femme s'oriente rapidement vers le domaine énergétique. Dès 1991, alors que l'Ukraine vient d'officialiser son indépendance, Timochenko prend la tête d'une société pétrolière ukrainienne, qui deviendra le groupe financier et industriel à l'origine de sa fortune, Systèmes énergétiques unifiés d'Ukraine : par une pratique de troc répandue à cette époque, l'entreprise échange les ressources industrielles locales – métal, pipe-line, produits de l'industrie lourde – contre les produits énergétiques (gaz et pétrole) venus de l'ex-URSS, et principalement de la Russie.

Celle qui est désormais surnommée « la princesse du gaz » cède aux impératifs de la vie politique dans le domaine des affaires : élue député à la fin de 1996, elle devient l'année suivante vice-présidente du parti Hromada (la société). Elle publie une lettre ouverte à Bill Clinton, juste avant que celui-ci ne rencontre Boris Eltsine, le mettant en garde contre l'emprise grandissante du géant russe Gazprom : il s'agit, pour elle, de protéger les intérêts de sa société, mais aussi de trouver sa place dans le nouvel État ukrainien. Réélue en 1998, elle dirige la commission budgétaire du Parlement, puis prend la tête du parti Batkivchtchina (la patrie).

Viktor Iouchtchenko, devenu en 1999 Premier ministre d'un gouvernement réformateur, la fait venir à ses côtés : elle est nommée vice-Première ministre en charge du secteur énergétique. Son programme de réforme, Transparence de l'énergie, s'en prend aux sociétés de distribution, foyers de corruption dans le pays, dont elle connaît les méthodes... pour les avoir pratiquées quelques années auparavant.

Elle se heurte à l'opposition des « oligarques » dont elle attaque les intérêts et qui soutiennent le président Leonid Koutchma. La vice-ministre est la première à en faire les frais. Elle est d'abord mise à l'écart du gouvernement en janvier 2001, officiellement pour ne pas gêner l'investigation criminelle menée contre elle pour falsification de documents et fraude fiscale, puis arrêtée un mois plus tard.

Bien que brève (un mois et demi), son incarcération la transforme en une opposante inconditionnelle. Elle regroupe les courants politiques contestataires en un Forum d'unité nationale et forme, en vue des élections législatives de mars 2002, le Bloc Ioulia Timochenko, appelé BIouT, acronyme et allusion au physique avenant de sa leader (beautiful).

Lors de l'élection présidentielle d'octobre 2004, elle constitue avec Viktor Iouchtchenko une coalition, Le Pouvoir au peuple, afin de faciliter l'accession de ce dernier à la fonction suprême. Mais la campagne électorale se déroule de façon chaotique : les pressions se multiplient et le candidat est victime d'une tentative d'empoisonnement. Ioulia prend le relais et, lors de la révolution « orange » en novembre et décembre, électrise les foules qui affluent dans la capitale, contestant les résultats du scrutin qui donnaient vainqueur Viktor Ianoukovitch – le dauphin de Koutchma. Son talent d'oratrice lui vaut une popularité qui peut[...]

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Écrit par

  • : spécialiste de l’Europe centrale et orientale, ancienne correspondante à Moscou, puis conseillère culturelle à l’Ambassade de France à Kiev, collaboratrice à la revue Esprit

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    ...Viktor Pynzenyk en 1997, ou Za pravdou, « Pour la vérité », expression du milieu étudiant. Venue de son côté de l'establishment de Dnipropetrovsk, Ioulia Timochenko quitte le parti Hromada, « la Société », fondé par Pavlo Lazarenko, et crée en 1999 Batkivchtchina, « la Patrie ».