Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

Hole in my shoe, TRAFFIC

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

En 1967, Steve Winwood, organiste et chanteur alors âgé de dix-huit ans, quitte le Spencer Davis Group pour fonder Traffic. Cette formation britannique dispose d'une large palette d'instruments et joue une musique psychédélique et joyeuse, au carrefour du folk, du jazz et de la pop; ses membres manifestent un goût prononcé pour la musique indienne et l'expérimentation sonore.

Le label Island, qui se consacrait jusque-là aux 45-tours de ska et de rock steady jamaïcain, leur fait néanmoins confiance. En 1967, leurs deux premier 45-tours – Paper Sun et Hole in my Shoe – sont des succès. Après un album éclectique réussi, Mr. Fantasy, qui paraît également en 1967, le groupe se sépare l'année suivante. Il se reformera en 1970, sans le chanteur, guitariste et sitariste Dave Mason, et donnera un chef-d'œuvre, John Barleycorn Must Die. Traffic, qui a gagné une célébrité mondiale, cessera toute activité en 1975.

Composée et chantée par Dave Mason avec une voix un peu nasillarde, Hole in my Shoe réussit à concilier les contraintes de l'écriture pop – en particulier des lignes vocales mémorisables – et les apports extérieurs au monde du rock. En effet, le vent de l'expérimentation des influences extra-européennes (le sitar au début) souffle sur le rock psychédélique. Dans le passage central de la chanson, une petite fille dit un poème. Le couplet a tout d'une comptine avec sa réponse de flûte et sa rythmique de fanfare à deux temps; ce type de référence à la culture populaire anglaise influencera des groupes progressifs comme Genesis. L'orgue Hammond de Steve Windwood accompagne la voix. Le couplet débouche sur un pont avec un accord inattendu en forme de point d'interrogation, puis une partie rythmée suit, habillée d'un long glissando, un son qui rappelle les Beatles. La production utilise largement les techniques de traitement du son disponibles à l'époque: doublage des pistes, effets de phasing, compression drastique, montages de bandes, feedback, effets stéréos... Ce type de production sera pastiché par des groupes comme XTC, qui raconteront cette période de l'histoire du rock en revisitant le psychédélisme.

— Eugène LLEDO

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

Pour citer cet article

Eugène LLEDO. Hole in my shoe, TRAFFIC [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009