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GRISELIDIS

Bergère, elle épouse un prince qui, pour l'éprouver, la séquestre, la dépouille, lui retire ses enfants, la répudie, etc. Elle supporte ces tourments avec résignation et son tortionnaire, touché, finit par reconnaître sa « patience ». Ce conte — dont le caractère populaire est contesté par les folkloristes — est essentiellement connu par trois versions écrites, celle du Décaméron de Boccace (1350 ?), celle du colportage, dont la première édition française connue date de 1546, enfin une nouvelle en vers de Charles Perrault, parue en 1691 et intégrée dès 1694 au recueil des Contes en vers avec Peau d'Âne et Les Souhaits ridicules. Dans la vie littéraire de l'époque, Griselidis prend le contre-pied de La Matrone d'Éphèse de La Fontaine et se présente, par anticipation, comme une réponse « féministe » à la Satire X que Boileau est en train d'écrire contre les femmes.

Griselidis justifie sa patience par deux arguments. En tant que femme, elle doit obéissance à son mari. En tant que chrétienne, elle considère que ses tourments lui sont infligés par Dieu. Ce portrait caricatural de femme soumise est présenté par Perrault comme exemplaire. Ajoutons que cette « apologie des femmes » est très souvent contredite — à l'intérieur de la nouvelle même — par des diatribes ouvertement misogynes où le héros, marquis de Sallusses, expose sa méfiance à l'égard de la « malice » des femmes.

— Marc SORIANO

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Écrit par

  • : docteur ès lettres et sciences humaines, professeur émérite à l'université de Paris-VII-Jussieu

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Pour citer cet article

Marc SORIANO. GRISELIDIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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