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EEKHOUD GEORGES (1854-1927)

Poète et romancier belge d'expression française, Georges Eekhoud débute dans le journalisme avant de publier ses premiers recueils de vers Myrtes et cyprès (1876), Pittoresques (1879). Ce sont des pièces sans grande originalité, fortement influencées par le Parnasse. Presque aussitôt d'ailleurs il s'en détache et il fonde, en 1881, avec Albert Giraud, Georges Rodenbach et quelques autres, le mouvement La Jeune Belgique. S'y réunissent des écrivains qui entendent conserver à la littérature belge son autonomie par rapport aux mouvements français et cherchent à susciter les talents nationaux. Ils encouragent un certain régionalisme, et la Campine natale de Georges Eekhoud reste fortement présente, décor et thème de ses descriptions, dans des récits tels que Kees Doorik (1883) ou Kermesses (1885). Mais il ne se limite pas à ce genre et voudrait donner à ses tableaux de mœurs la dimension d'un réalisme social. Il se sent solidaire des dépossédés et il peint avec sympathie le monde des paysans ou des ouvriers, dans La Nouvelle Carthage (1888) ou dans La Faiseuse d'amour (1900). La Nouvelle Carthage, livre écrit à la gloire d'Anvers, est le récit de ses souvenirs. Cependant, cet érudit ne parvient pas parfaitement à rendre son langage accessible et l'affectation ou le maniérisme, dont il n'a pas su s'affranchir en même temps que du Parnasse, déforment son projet réaliste. Dans Cycle Patibulaire (1895), il se complaît aux descriptions de brutes et de vauriens avec une certaine tendance à l'expressionnisme. Accentuant encore ce trait, il adopte une position d'esthète, et ses derniers romans, depuis Escal-Vigor (1899) jusqu'à Le Terroir incarné (1928), l'éloignent toujours plus du réalisme ; la Flandre resurgit avec ses mystères et ses secrets. Par contre, ses Souvenirs (1914) restituent la sincérité et la simplicité absentes de ses œuvres de fiction.

— Antoine COMPAGNON

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis

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Antoine COMPAGNON. EEKHOUD GEORGES (1854-1927) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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