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DARGAUD GEORGES (1911-1990)

Georges Dargaud est né le 27 avril 1911 à Paris. Il sera avant tout un homme de presse et commencera avant la guerre (en 1936) une activité familiale qui se développera après la Libération dans deux directions : la presse féminine et la presse pour jeunes. En 1948, il devient l'éditeur français de Tintin, revue alors en pleine expansion. Malgré le déclin de ce titre, Dargaud le conservera jusqu'en 1975. S'il publie par la suite les albums des bandes dessinées qui y paraissent, il ne sera cependant pas l'éditeur de Hergé, que conserve Casterman.

C'est en 1960 que Dargaud entre dans la légende de la bande dessinée en lançant Pilote avec René Goscinny, J. M. Charlier, et le soutien de R.T.L. Très vite, le succès que connaissent les séries vedettes va faire de ce journal le creuset de la B.D. des années 1970. C'est Astérix, bien sûr, dont les tirages fabuleux feront la fortune de la maison ; mais c'est aussi Lucky Luke, plus tard Tanguy et Laverdure, la Rubrique-à-brac, Philémon, Blueberry, Achille Talon... Cet engouement du public va permettre aux dessinateurs d'acquérir un statut de véritables stars et de publier des albums, bientôt traduits à l'étranger, à partir des feuilletons de la revue. Le matériel de Pilote, ajouté à celui de Tintin, fait alors de Dargaud l'éditeur « leader » du genre. Le groupe éditorial publie aussi des best-sellers dans le domaine du jardinage, autour de la revue Rustica, qu'il rachète en 1969. Auparavant, il y avait eu aussi Âge tendre, bientôt revendu à Filipacchi.

La maison se développe. Associée à un éditeur belge, elle diffuse par porteurs des magazines familiaux (au sein de l'U.N.I.D.E.) ; puis elle se lance dans l'édition pour tout-petits et, logiquement, dans le dessin animé, avec des adaptations d'Astérix et Lucky Luke, cela dès 1967. Sans doute ces dessins animés, pour lesquels est créé le studio Idéfix, sont-ils peu convaincants artistiquement. Ils n'en connaissent pas moins le succès commercial. Enfin, Lucky Luke est montré à la télévision à partir de 1983.

Dans les années 1980, les éditions culminent, et Dargaud lance même des séries collectives autour de la Bible. Mais le déclin des revues commence et, après des avatars de moins en moins brillants, Pilote s'arrête définitivement en 1989. Au sommet de cette gloire, Dargaud a vendu dix millions d'exemplaires par an, contrôlé près de la moitié du marché de la B.D. francophone, et créé des filiales dans de nombreux pays. Mais il n'a pas réussi à pénétrer le marché américain.

En 1989, Georges Dargaud vend sa maison à Média-Participation (dit « groupe Ampère ») qui liquide en quelques mois le fonds et les auteurs vedettes. L'aventure est finie. Georges Dargaud meurt le 18 juillet 1990. Gestionnaire avant tout, il ne fut pas un éditeur de création. Son talent fut plutôt de savoir s'entourer et de donner par exemple sa chance à un Goscinny, dont la mort en 1977 marqua le début du déclin de la maison. Malgré ce reflux, les successeurs de Goscinny, Guy Vidal, Greg ou Claude Moliterni, étaient issus, eux aussi, du monde des créateurs. C'est sans doute à cette confiance que la maison Dargaud doit d'avoir marqué profondément l'époque de la B.D. triomphante.

— Yves FRÉMION

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Yves FRÉMION. DARGAUD GEORGES (1911-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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