GEORGE IV (1762-1830) roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et roi de Hanovre (1820-1830)
Fils de George III, le futur George IV est, conformément à une tradition bien établie dans la dynastie hanovrienne, en très mauvais termes avec le roi son père qui lui reproche, à juste titre, sa prodigalité, sa vie de débauches et de scandales, ses liens avec l'aristocratie whig et son amitié pour le redoutable Charles James Fox. En 1811, la folie ayant définitivement obscurci l'esprit de George III, le prince de Galles devient régent. La victoire des coalisés sur l'Empire (abdication de Napoléon : 4 avril 1814 ; Waterloo : 18 juin 1815) débouche sur la crise économique, le chômage et l'instabilité des prix agricoles, suscitant une dangereuse agitation radicale (William Cobbett et James Hunt) que le gouvernement n'hésite pas à noyer dans le sang (massacre de Peterloo, 16 août 1819). À la fin de la régence, l'Habeas Corpus est suspendu, les libertés sont restreintes, l'Angleterre semble au bord de la guerre civile.
À la mort de George III, en 1820, le régent, au comble de l'impopularité, ceint la couronne sous le nom de George IV. Mais il ne redore pas son blason en intentant à son épouse, Caroline de Brunswick, dont il vit séparé, un retentissant procès où la vie du couple royal est jetée en pâture à l'opinion publique. L'affaire se règle finalement à l'amiable : Caroline de Brunswick reçoit une grosse pension et renonce à ses droits, mais non à ses fredaines. Tandis que les esprits sont occupés par ce scandale peu édifiant, la classe politique se renouvelle. La reprise économique se confirmant, des hommes neufs arrivent aux affaires. Au poste de ministre de l'Intérieur, Robert Peel crée la police et humanise le droit criminel. William Huskisson bat en brèche le protectionnisme sauf en ce qui concerne les droits sur les blés, pierre d'achoppement du parti tory. Au Foreign Office, George Canning se fait l'avocat d'une politique étrangère « libérale » qui sert les intérêts de la City. En 1825, le droit de coalition et de grève est octroyé aux ouvriers dans certaines limites. Canning, Premier ministre en février 1827, meurt en août. Le duc de Wellington poursuit sa politique. En 1828, le bill du Test est aboli : les protestants dissenters (non conformistes) se voient reconnaître les mêmes droits que les anglicans. L'année suivante, les catholiques irlandais, galvanisés par le puissant tribun Daniel O'Connell, arrachent l'émancipation complète de leurs coreligionnaires dans toutes les îles Britanniques. Lorsque George IV s'éteint, sa mort est accueillie par des transports de joie populaires. Il avait à son actif de grandes et belles réalisations (Buckingham Palace, Regent Street, Regent Park) mais, comme son ami George Brummel, il était un dandy blasé et viveur. Il ambitionnait d'être « le premier gentleman d'Europe » plus que le souverain du royaume le plus puissant de son temps. William Thackeray l'a férocement épinglé : « Ce George, qu'était-il ? J'examine toute sa vie et je ne vois qu'une courbette et un sourire amer. J'essaye de le démonter et je trouve des bas de soie, du rembourrage, un corset, un habit avec des brandebourgs et un col de fourrure, un crachat et un ruban bleu, un mouchoir de poche prodigieusement parfumé, une des meilleures perruques noisette de chez Truefitt ruisselante d'huile, un râtelier et une immense cravate noire, des gilets, encore des gilets et puis rien. »
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Écrit par
- Pierre JOANNON : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)
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