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BARBIER GEORGE (1882-1932)

L'illustrateur de mode George Barbier est une des figures fascinantes de l'Art déco. D'un style graphique accompli, les vignettes qu'il a composées apportent une vision à la fois sophistiquée et sereine du monde de la mode. Barbier fut également un illustrateur de livres.

Né à Nantes en 1882, il effectue ses études à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Jean-Paul Laurens. Devenu indépendant, il expose ses compositions au Salon des artistes décorateurs, à partir de 1912 : gouaches, aquarelles, projets de décoration, de même dessins de textiles, et présente ses œuvres à la galerie Georges Petit en 1912 (sur le thème de La Comédie humaine). Son talent déjà affirmé séduit rapidement les amateurs et les éditeurs d'ouvrages de luxe : c'est à lui qu'est confiée l'illustration du volume des Danses de Nijinski (1913), instantanément célèbre : grâce à des mises en pages hardies, Barbier y joue avec maîtrise des arabesques dans une forte opposition noir/blanc et met en scène les pirouettes et les contorsions du danseur, avec une virtuosité sensuelle. L'album consacré à la danseuse Tamara Karsavina (1914) regroupe également des illustrations saisissantes, d'un charme pervers. D'autres recueils et albums suivent ces publications, où le luxe le dispute à la sophistication (par exemple Anteros, 1913).

Barbier fait également partie de l'équipe des illustrateurs de La Gazette du bon ton dès sa création (1912). D'un trait sûr, il reproduit les robes de grands couturiers ; dans ce domaine, les gravures qu'il donne des modèles de la maison Worth constituent une anthologie de son art : sur des fonds tourmentés, évoquant le décor des laques orientales (dragons, pergolas fleuries), Barbier détache et isole la silhouette d'une femme hiératique, pensive ou hautaine. Chaque illustration se présente comme l'aveu d'un état d'âme, ou l'expression d'une émotion. Une robe bleue s'intitule Sortilège. Une stricte robe noire portée par une élégante au regard dur s'appelle La Belle Dame sans merci. Un modèle particulièrement romantique porté par une jeune femme fatale est baptisé Qui ne vous aimerait ?. Ce mode de représentation, qui fait de chaque scène l'esquisse d'une situation de la vie, Barbier l'emploie dans ses autres illustrations, composées pour des magazines comme Le Journal des dames et des modes, Fémina, Vogue, Les Modes, Les Feuillets d'art. Le style linéaire de l'artiste est le fruit d'un exercice de discipline et de savoir-faire : la comparaison entre les dessins autographes, pleins d'imprévu, et les gravures achevées en témoigne.

Barbier est également un maître du dessin à l'encre de Chine, comme le montrent les vignettes pleines d'humour qu'il imagine pour la revue La Vie parisienne.

Parallèlement à ces travaux, Barbier entreprend de composer des séries d'illustrations pour des albums thématiques qui combinent des ambitions mondaines et artistiques. Pour ces illustrations, Barbier, au lieu de reproduire des robes de couturiers, imagine lui-même des modèles originaux, d'un charme indiscutable : de sa prestation pour l'album Modes et manières de 1914, aux albums composés sur le thème des saisons sous le titre La Guirlande des mois (1917-1921) jusqu'aux Falbalas et fanfreluches (1922 à 1926), les créations inventées par Barbier présentent souvent un caractère amusant et gentiment utopique.

Décorateur de théâtre, Barbier déploie son sens du spectaculaire et regroupe certaines de ses créations en albums de luxe : Personnages de comédie (1922), Vingt-Cinq Costumes de théâtre (1928).

L'évolution du goût avait introduit peu à peu dans l'esthétique de l'illustration des partis pris de géométrisme et de clarté ; le style sophistiqué et profus de Barbier[...]

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Écrit par

  • : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

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Pour citer cet article

Guillaume GARNIER. BARBIER GEORGE (1882-1932) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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