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FUKUDA TAKEO (1905-1995)

Politicien, né le 14 janvier 1905 à Gumma, haut fonctionnaire des Finances japonaises, souvent ministre des Finances et Premier ministre de 1976 à 1978, Fukuda Takeo fut un moraliste à côté de politiciens voraces. Il s'exaspéra quelquefois, mais il était au fond tempérant, malgré un caractère entier et une façon décapante de dire la vérité. Sa perspicacité en politique économique le fit remarquer de bonne heure ; d'ailleurs, il ne lésinait pas pour la mettre au service de ses adversaires politiques eux-mêmes. Il critiqua l'éloge de la consommation. À ses yeux, la priorité devait être réservée aux grands équilibres, et l'objectif de la croissance ne devait venir qu'en deuxième position. “Assurez que l'économie japonaise sera rétablie dans trois ans”, dit-il au Premier ministre Tanaka qui l'appela aux Finances en 1974 quand les prix s'affolèrent. Il sut alors trouver des mots justes pour faire admettre à la population la baisse de son pouvoir d'achat, au lieu de l'escalade des salaires. Les sacrifices consentis limitèrent la hausse des prix des produits japonais par rapport à ceux des autres pays avancés, et le Japon dut à Fukuda l'essor de ses exportations. Mais il n'est nulle part aisé de convaincre les syndicats que la maîtrise de l'inflation est préférable à la politique des revenus.

Sa vie se divise en deux parties d'égale longueur. Dans sa carrière de fonctionnaire, il fut conseiller financier du régime de Nankin (1938-1945), puis chef de cabinet du ministre des Finances à la fin de la guerre. Il paraissait promis à une carrière politique imminente, mais il fut mis en examen à la suite du pénible scandale de l'entreprise Shōwa Denko en 1948 (un important remous du régime d'occupation américain quand celui-ci renversa sa politique).

Dans la seconde partie de sa vie, il fut élu député dans son pays natal, d'abord sans étiquette (ses administrés devaient le reconduire treize fois par la suite). Le système politique de Yoshida Shigeru était déjà en place. Fukuda entra dans le mouvement opposant de Kishi pour un Parti conservateur unifié, et il devint secrétaire général du Parti libéral-démocrate en janvier 1959. Bientôt ministre de l'Agriculture, puis médiateur des courants politiques au sein du parti, il se sépara d'Ikeda Hayato parce que lui-même, Fukuda, critiquait la politique de haute croissance. Simultanément, il dénonçait le système des factions et réprouvait l'usage de l'argent en politique ; et en 1962, il fonda la Nouvelle Ligue pour la rénovation des mœurs politiques. Satō Eisaku lui confia des postes importants (ministères des Finances, des Affaires étrangères, secrétariat général du parti) ; mais Tanaka Kakuei réussit à se faire élire président du parti. Fukuda dut attendre 1976 pour former lui-même un cabinet et il n'eut même pas le choix de tous ses ministres (la faction de Tanaka lui en imposa cinq, dont Kanemaru Shin, que Fukuda nomma à la Défense parce qu'il pensait que c'était là qu'il pourrait le moins trafiquer).

Fukuda se situait plus à droite que ses prédécesseurs et ses successeurs immédiats et boudait le rapprochement avec la Chine ; cependant, il laissa son ministre des Affaires étrangères négocier le traité de paix de 1978. Il avait à cœur la défense du Japon, s'y intéressant davantage que son parti, mais il ne put empêcher Kanemaru de révoquer le commandant en chef des forces armées. C'est à cause de ses idées sur la défense qu'il dut céder la présidence du parti, en décembre 1978, à Ohira Masayoshi, plus débonnaire et par ailleurs rallié à un vaste plan d'organisation de la zone Asie-Pacifique, lequel ne se réalisa pas.

Toujours député, il resta l'un des principaux inspirateurs de la politique étrangère du Japon, mise en œuvre par l'intermédiaire[...]

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Jean ESMEIN. FUKUDA TAKEO (1905-1995) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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