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FABLES (J. de La Fontaine) Fiche de lecture

Jean de La Fontaine (1621-1695) a quarante-six ans quand, en mars 1668, Barbin, éditeur prestigieux de Boileau et de Racine, fait paraître les six premiers livres des Fables choisies et mises en vers par M. de La Fontaine. Elles sont précédées d'une Épître à Monseigneur le Dauphin, le fils de Louis XIV, alors âgé de sept ans ; d'une Préface qui proclame que les textes ont déjà du succès avant même leur publication, ce qui suppose qu'ils aient été lus oralement ou sur manuscrit, l'un n'excluant pas l'autre ; d'une Vie d'Ésope qui se réfère à La Vie d'Ésope de Planude ainsi qu'aux vies des hommes illustres dues aux écrivains de l'Antiquité, communément écrites en début d'ouvrage et capables de marquer le genre et de le légitimer ; d'une Dédicace à Monseigneur le Dauphin. Enfin, un Épilogue clôt le volume et annonce un retour à la production romanesque et lyrique par une allusion à Psyché, roman en prose et en vers mêlés publié en 1669 sous le titre : Les Amours de Psyché et de Cupidon. Chaque livre s'ouvre sur une dédicace particulière. Suivent les autres éditions qui sont autant de reprises, de modifications et d'ajouts (livres VII-VIII, 1678 ; livres IX-XI, 1679 ; livre XII, 1693). Dès 1668, les Fables de la Fontaine sont des succès : on les cite, on les récite, on les collectionne et l'on attend toujours avec impatience la prochaine livraison. C'est pourquoi La Fontaine, même s'il le déplore en souhaitant passer à d'autres genres, ne cesse d'écrire des fables jusqu'à sa mort, les mélangeant parfois à des contes, particulièrement au livre XII et dernier.

Jean de La Fontaine, H. Rigaud - crédits : Photo Josse/ Leemage/ Corbis/ Getty Images

Jean de La Fontaine, H. Rigaud

Les Animaux malades de la peste, gravure de Auguste Delierre - crédits : Liszt Collection/ Heritage Images/ Age Fotostock

Les Animaux malades de la peste, gravure de Auguste Delierre

L'homme est un loup pour l'homme

Les fables des six premiers livres reprennent les schémas d'Ésope et de Phèdre, mettent surtout en scène des animaux et dégagent une ou plusieurs morales, le plus souvent traditionnelles aussi bien dans des apologues placés en début ou en fin de texte qu'à l'intérieur même des récits : « Nous n'écoutons d'instinct que ceux qui sont les nôtres,/ Et ne croyons le mal que quand il est venu » (livre I, fable 8 : « L'Hirondelle et les petits oiseaux »). Les livres suivants – et en particulier le livre XII – interrogent sur des sujets à caractère politique et philosophique (l'âme des animaux, la vérité, la guerre et la paix, la retraite, etc.) en variant le personnel de la fable (les hommes apparaissent en plus grand nombre) et les emprunts (Ésope et Phèdre, mais aussi la source indienne avec Pilpay, les fabliaux et les conteurs français et italiens). Ces derniers recueils dégagent une morale plus sombre où les hommes apparaissent esclaves d'eux-mêmes, soumis à l'excès qui les guide, qu'ils soient rois ou simples individus : « De tous les animaux, l'homme a le plus de pente/ À se porter dedans l'excès » (livre IX, fable 11 : « Rien de trop »). La nature est ainsi prise dans un combat permanent où l'homme est un loup pour l'homme. La raison, la paix, la sagesse et la fable elle-même, lorsqu'elle est lue, sont des recours bien fragiles contre la violence et la force, mais qu'il faut néanmoins saisir.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et d'esthétique du théâtre à l'université de Paris-X-Nanterre

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Pour citer cet article

Christian BIET. FABLES (J. de La Fontaine) - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Jean de La Fontaine, H. Rigaud - crédits : Photo Josse/ Leemage/ Corbis/ Getty Images

Jean de La Fontaine, H. Rigaud

Les Animaux malades de la peste, gravure de Auguste Delierre - crédits : Liszt Collection/ Heritage Images/ Age Fotostock

Les Animaux malades de la peste, gravure de Auguste Delierre

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