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VIDOCQ EUGÈNE FRANÇOIS (1775-1857)

Élevé au niveau du mythe littéraire, moins pour la publication de ses Mémoiresque pour les personnages de Vautrin et de Valjean qu'il aurait inspirés à Balzac et à Hugo, Vidocq appartient surtout à l'histoire de la police.

Fils d'un boulanger d'Arras, il commet son premier vol à seize ans, s'engage, déserte, est condamné en 1796 pour un faux qu'il n'aurait pas commis, s'évade du bagne de Brest, est repris, s'échappe à nouveau. Mais il connaît l'« angoisse de la chaîne » et décide de trahir le « milieu » en échange d'une amnistie. Dubois, préfet de police de Napoléon, se laisse convaincre par son chef de division Henry, un spécialiste du crime. Vidocq entre au service de la police. N'en soyons pas surpris. Ses principaux chefs (Piis, un chansonnier devenu secrétaire général de la Préfecture de police, le géographe Boucheseiche, Veyrat, Desmaret, chef de la Sûreté au ministère) sont des déclassés. Parmi les agents secrets, on trouve le comte de Montgaillard et un écrivain de talent, Fiévée.

Les débuts de Vidocq sont si éclatants qu'une brigade spéciale formée d'anciens bagnards lui est confiée en 1811. Pasquier, qui succède à Dubois, reconnaît dans ses Mémoires : « Cette confiance accordée avec autant d'abandon à un homme condamné a été d'un très mauvais effet et elle a beaucoup contribué à déconsidérer la police. » À la suite d'un scandale, Vidocq est invité à se retirer en 1827. Il possède à cette date une solide fortune acquise de façon douteuse, si l'on en croit les souvenirs de l'un de ses successeurs, Canler. Rappelé à la tête de la Sûreté le 31 mars 1832, mais rendu responsable de la répression antirépublicaine de juin 1832, il donne sa démission le 15 novembre. Il fonde alors une police privée.

Le succès de ses Mémoires en 1828 avait été considérable ; aussi publie-t-il, en 1836, Les Voleurs et, en 1844, Les Vrais Mystères de Paris. Son prestige est énorme auprès des grands écrivains du temps : Balzac, Hugo, Lamartine, Dumas, Janin, Soulié et Sue. Ses nouvelles arrestations, en 1837 et en 1843, à la suite d'obscures manœuvres de la police, lui valent un regain de popularité. Il meurt sous le second Empire.

— Jean TULARD

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean TULARD. VIDOCQ EUGÈNE FRANÇOIS (1775-1857) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARGOT

    • Écrit par Pierre GUIRAUD
    • 4 088 mots
    Après la Révolution apparaît une nouvelle figure de criminel dont Vidocq, policier-bagnard, nous a laissé une description détaillée dans ses Mémoires (1828) et surtout dans Les Voleurs (1837), qui contient un important lexique de l'argot. Ce sera la principale source de la littérature argotique...
  • POLICE SOUS LA RÉVOLUTION ET L'EMPIRE

    • Écrit par Vincent DENIS
    • 3 221 mots
    • 1 média
    ...et souffrait de la valorisation excessive de la police impériale et de ses « maîtres policiers », le ministre de la Police générale Joseph Fouché et Eugène François Vidocq, un ancien bagnard devenu agent de la police. Cette légende noire masque un changement important des méthodes, lequel combine...
  • POLICIER ROMAN

    • Écrit par Claude MESPLÈDE, Jean TULARD
    • 16 394 mots
    • 14 médias
    ...l'Empire et celle de son tout-puissant ministre Fouché, cent pamphlets avaient dénoncé l'institution. Mais le combat était politique. Les Mémoires de Vidocq, en 1828, puis de nombreux ouvrages, dont les Mémoires tirés des archives de la police de Paris par Peuchet qui en fut le conservateur (ils inspirèrent...

Voir aussi