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FLÉCHIER ESPRIT (1632-1710)

L'un des plus grands orateurs sacrés du xviie siècle, Esprit Fléchier, né à Pernes (Comtat Venaissin) dans une famille modeste, reçut son éducation à Tarascon au sein de la congrégation de la Doctrine chrétienne de César de Bus, dans laquelle il entra en 1648. Il la quitta en 1658, après avoir enseigné quelque temps la rhétorique à Narbonne. En 1659, il devint précepteur dans la famille Caumartin à Paris. Présenté dans les salons de Mlle de Scudéry et de Mme Deshouillères, il fut fêté comme homme d'esprit sachant tourner le madrigal. En 1665, il accompagna le conseiller d'État Caumartin à Clermont et assista aux événements qu'il relate dans ses Mémoires sur les Grands Jours d'Auvergne. En réalité, ce tableau piquant et désinvolte des mœurs provinciales, qui ne fut publié qu'en 1844, serait, pour le fond, des Caumartin eux-mêmes, Fléchier s'étant contenté de tenir, mais brillamment, la plume. En 1671, il fut nommé lecteur du Dauphin et entra à l'Académie française en 1673 ; il y fut reçu le même jour que Racine.

C'est à cette époque que ses prédications commencent à connaître le succès, notamment ses oraisons funèbres dont les deux plus célèbres sont celle de Julie d'Angennes, duchesse de Montausier, l'ancienne reine de l'hôtel de Rambouillet, en 1672, et celle de Turenne, en 1674, que Mme de Sévigné préférait à la fameuse oraison de Mascaron. Nommé aumônier de Mme la Dauphine en 1681, Fléchier devint en 1685 évêque de Lavaur, puis, en 1687, de Nîmes ; il administra son diocèse avec zèle, organisa des missions où il prêchait lui-même, se montra soucieux, alors que venait d'être révoqué l'édit de Nantes, de ramener la paix dans la province en faisant preuve d'une grande tolérance vis-à-vis des protestants, ainsi qu'en témoignent ses Mandements et Lettres pastorales.

Fléchier a écrit, outre quelques poèmes de jeunesse, des ouvrages d'histoire, tels qu'une Vie de Théodose le Grand (1679), que Mme de Sévigné admirait, et l'Histoire du cardinal Ximénès (1693). Sa Correspondance avec Mlle de La Vigne a été éditée en 1833.

Attentif à la vie de la conscience, Fléchier prédicateur recherche avec obstination le mot juste, recourt à l'antithèse et à l'image rare pour exprimer, en pénétrant moraliste, les nuances les plus subtiles de l'âme humaine. Avec son style presque parfait, qu'on aurait tort de taxer d'académique, l'éloquence de Fléchier est, pour reprendre le mot de H. Bremond, de la belle musique d'église.

— Louise LAMBRICHS

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Louise LAMBRICHS. FLÉCHIER ESPRIT (1632-1710) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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