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FISCHER ERNST KUNO BERTHOLD (1824-1907)

Philosophe et historien allemand de la philosophie, Ernst Fischer étudia la philologie à Leipzig, puis la théologie et la philosophie à Halle. De 1848 à 1850, il enseigna à Pforzheim. En 1850, il fut reçu à l'université de Heidelberg, où ses conférences philosophiques eurent un grand succès et où il eut pour élève Dilthey. Mais le gouvernement badois, à la suite d'un complot ourdi par les chefs des différents groupes philosophiques, lui interdit, en 1853, de continuer à faire ses cours dans cette université. Cette décision arbitraire émut l'Allemagne philosophique entière et fut à l'origine de vives controverses. Un seul article, anonyme (mais dont l'auteur était le professeur Schenkel, de Heidelberg) dans le Journal ecclésiastique de Darmstadt, tenta de justifier la décision gouvernementale. Fischer répondit à cet article par deux brochures, qui eurent de nombreux lecteurs : L'Interdiction de mes cours (Mannheim, 1854) et l'Apologie de ma doctrine (Mannheim, 1854). Il resta cependant à Heidelberg, s'y occupant exclusivement de travaux philosophiques, en compagnie de Gervinus et de Strauss.

En 1855, il partit pour Berlin, avec l'intention d'être reçu à l'université de cette ville, mais le ministère prussien, d'abord hostile à ce projet, ne lui accorda la permission de tenter sa chance qu'en 1856. Cependant, l'université d'Iéna venait d'offrir à Fischer une chaire de philosophie. Il y commença une série de leçons suivies par un grand nombre d'auditeurs et portant principalement sur les doctrines de Schiller et de Fichte. En 1862, le grand duc de Weimar accorda à Fischer le titre de conseiller aulique intime.

Philosophe, Fischer se rattache à l'école de Hegel, auquel sont consacrés ses deux premiers ouvrages : Diotima ou l'Idée du beau (Pforzheim, 1849) et Le Système de la logique et de la métaphysique ou la Doctrine de la science (System der Logik und Metaphysic, Stuttgart, 1852). Diotima cherche à développer, sous une forme épistolaire, l'idée principale de l'esthétique telle que l'ont comprise et représentée Hegel et ses disciples. Le second ouvrage est une exposition méthodique de la logique de Hegel, envisagée comme matière de leçons académiques. Mais l'œuvre essentielle de Fischer est son Histoire de la philosophie moderne (Mannheim, 1852-1860), série de monographies présentant, avec une clarté et une érudition remarquables, les doctrines de Descartes, de Spinoza, de Leibniz et de Kant. C'est d'ailleurs à Fischer que revient le mérite d'avoir attiré de nouveau l'attention du monde philosophique sur Kant, avec son ouvrage Kants Lehre und die Grundlagen seiner Lehre (La Doctrine kantienne et ses fondements, Mannheim, 1860). Il fut immédiatement suivi par l'aristotélicien A. Trendelenbourg, qui publia en 1862 Über Bedeutung und Aufgabe der Erkenntnislehre (Signification et tâche de la théorie de la connaissance).

Fischer fit paraître d'autre part : Schiller (Francfort, 1858) ; Frédérik Schiller, discours académique pour la fête du poète (Leipzig, 1860) ; Jean Gottlieb Fichte, Les deux écoles de Kant à Iéna (Stuttgart, 1862) ; Nathan le Sage, de Lessing (Heidelberg, 1864) ; Vie et caractère de Baruch Spinoza (Heidelberg, 1865).

— Louise LAMBRICHS

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Pour citer cet article

Louise LAMBRICHS. FISCHER ERNST KUNO BERTHOLD (1824-1907) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HEGEL GEORG WILHELM FRIEDRICH (1770-1831)

    • Écrit par Jacques d' HONDT, Yves SUAUDEAU
    • 11 852 mots
    • 1 média
    ...primeur accordée au point de vue historique sur la visée systématique comme une décadence et un signe d'usure de l'esprit philosophique. Enfin, Kuno Fischer est également à inclure parmi ces vieux hégéliens par rapport auxquels, par interdéfinition, se placent les jeunes : Hegel est pour lui le...

Voir aussi