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ÉCONOMUSÉES

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Les entreprises économusées ou le patrimoine qui gagne sa vie

À la fin des années 1980, l'architecte et ethnologue québécois Cyril Simard mettait au point un concept nouveau : l'économusée, tirant les enseignements d'une observation attentive de certaines entreprises en activité sur le Vieux Continent comme le moulin Richard-de-Bas d'Ambert.

Les économusées sont ainsi définis par leur inventeur : « Une entreprise qui utilise pour sa production une technique ou un savoir-faire traditionnel, qui ouvre ses portes au public afin de mettre en valeur ses savoir-faire et ses artisans. Elle est dotée d'un lieu d'animation et d'interprétation de la production. La vente des produits autofinance complètement l'économusée. »

Aujourd'hui, le Québec compte vingt-sept économusées situés pour la plupart au sein ou à proximité des deux principales villes de la province : Montréal et Québec.

Chaque économusée est organisé autour de six grandes fonctions, qui correspondent à une organisation de l'espace :

– un espace d'accueil dans lequel l'économusée présente les origines de l'entreprise ;

– des ateliers de production où le public peut observer des artisans au travail ;

– un centre d'interprétation de la production traditionnelle, élément muséal où sont présentées des collections d'objets, d'outils voire des machines ;

– une collection de créations contemporaines ;

– un centre d'archives et de documentation ;

– une galerie-boutique où sont vendus les produits fabriqués par l'économusée et éventuellement par d'autres artisans faisant partie du réseau.

L'originalité de la démarche réside dans le fonctionnement en réseau des économusées sous l'égide de la Société internationale des entreprises économusées.

La Société passe une convention avec chaque entreprise sélectionnée, qui s'engage à respecter les principes de l'économuséologie, à demander les autorisations nécessaires pour utiliser le logo, à verser une contribution annuelle en fonction du chiffre d'affaires... En contrepartie, la Société donne à l'entreprise l'accès à différents services, comme ses campagnes de publicité et de relations publiques, l'accès à des services de conseil en muséographie (architecture, design, graphisme) ou à des études scientifiques ainsi qu'à des études de marchés... Elle permet aussi aux adhérents de bénéficier de nombreux programmes gouvernementaux. C'est cette organisation en réseau qui fait la force des économusées et leur succès actuel (plus de 600 000 visiteurs par an sur l'ensemble des sites, certains recevant plus de 100 000 visiteurs)

La dynamique de la marque permet aussi de développer des productions qui font appel à plusieurs membres. L'économusée de la reliure, par exemple, produit les boîtes pour les produits issus de l'économusée de la prune ou de celui du miel, et l'économusée de l'encadrement collabore étroitement avec celui du papier.

En 1999, la Société a publié un catalogue qui présente les produits-phares de chacun des économusées et elle a ouvert un site sur Internet.

Ainsi, le concept d'économusée présente des caractéristiques qui, en Europe, sont encore difficilement compatibles : s'appuyer sur la dynamique de l'initiative privée pour créer un produit culturel alliant une garantie de qualité, une adaptation aux goûts contemporains, le respect de certains principes scientifiques dans le domaine de la restitution et une pédagogie active, qui est seule susceptible de pérenniser des activités en voie de disparition, et surtout un travail en réseau.

Dans les pays du Vieux Continent, où les entreprises patrimoniales sont d'autant plus enclines à se refermer sur elles-mêmes qu'elles sont menacées, il est devenu urgent d'impulser[...]

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Pour citer cet article

Denis CHEVALLIER. ÉCONOMUSÉES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Économusées au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans l'île du Prince-Édouard - crédits : Encyclopædia Universalis France

Économusées au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans l'île du Prince-Édouard