- 1. Chine : volatilité des marchés financiers et pollution sans précédent
- 2. Moyen-Orient et Maghreb
- 3. Une Europe à trois vitesses
- 4. Le commerce de la C.E.I. paralysé par le conflit ukrainien
- 5. L’Amérique latine face à l’inflation et à la chute du prix des matières premières
- 6. Le Japon peine à relancer sa croissance
- 7. Les États-Unis proches du plein emploi
ÉCONOMIE MONDIALE 2015 : entre reprise et crise des matières premières
En 2015, le prix du pétrole est resté très bas. Deux facteurs ont concouru à la pérennité de cet état de fait important pour l’économie de la planète : la surabondance de l’offre – alimentée par la guerre des prix que se livrent les pays de l’O.P.E.P. et les États-Unis, producteurs de pétrole et de gaz de schiste –, ainsi que l’essoufflement de la demande, provoqué par le ralentissement de l’économie des grands pays émergents. Cette aubaine permet aux pays importateurs d’énergie d’améliorer leur balance commerciale, mais ralentit la croissance des pays exportateurs de pétrole. Les économies les moins diversifiées, comme celle du Venezuela, connaissent d’ailleurs d’importantes turbulences.
D’une manière générale, les pays émergents souffrent de ce phénomène. La croissance de leur activité continue de décélérer, passant à 4 p. 100 en 2015 (4,6 p. 100 en 2014). La croissance des pays avancés s’améliore légèrement (2 p. 100 en 2015 ; 1,8 p. 100 en 2014). Une demande intérieure robuste permet aux États-Unis, au Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, aux pays d’Europe continentale d’installer leurs économies dans une croissance modérée.
Conséquence de ces mouvements disparates de l’activité, le marché des changes connaît lui aussi d’importants mouvements au cours de l’année. Profitant de la bonne reprise américaine, le dollar se renforce par rapport à l’euro et aux devises des pays émergents : rouble russe, yuan chinois, real brésilien et, dans une moindre mesure, roupie indienne.
En 2015, les conditions d’emprunt restent très accommodantes en Europe, ainsi qu’aux États-Unis, même si la Réserve fédérale américaine (Fed) augmente ses taux directeurs en fin d’année, et ce pour la première fois depuis dix ans.
Chine : volatilité des marchés financiers et pollution sans précédent
Dès 2014, le gouvernement chinois avait incité les particuliers à investir leurs économies sur les marchés financiers, pour financer le développement des entreprises technologiques et de services nécessaires à l’émergence d’une demande intérieure susceptible de stabiliser l’économie du pays. L’épargne chinoise, détournée d’un marché immobilier en crise depuis 2014, s’est reportée massivement sur les marchés d’actions. Encouragés par le gouvernement, les retraités chinois, en bons apprentis spéculateurs, ont eu recours à l’effet de levier de l’endettement pour investir en Bourse et multiplier leurs gains, ce qui a provoqué une bulle spectaculaire. L’indice composite principal de Shanghai est multiplié par 2,5, entre mai 2014 et juin 2015. À partir de juin 2015, l’explosion de la bulle aboutit au krach de la bourse de Shanghai en août, effaçant une partie des gains artificiellement accumulés en une si courte période.
La croissance chinoise continue par ailleurs de ralentir, le P.I.B. progressant de 6,8 p. 100 en 2015 (7,2 p. 100 en 2014) selon les statistiques officielles. La Chine souffre d’un problème de surinvestissement dans certains secteurs. Même si le P.I.B. par habitant a été multiplié par plus de sept entre 2000 et 2014, le gouvernement a favorisé jusqu’en 2014 l’investissement dans les infrastructures et le développement de l’industrie. La part du revenu des ménages dans le P.I.B. est bien plus faible que celle de l’investissement, et a reculé jusqu’en 2013 (dernière année de statistiques disponibles). En raison du ralentissement mondial qui a suivi la crise financière de 2008, et en l’absence d’une demande intérieure suffisamment forte, nombre d’entreprises disposent aujourd’hui d’un excès de capital, qui demeure inemployé.
C’est la raison pour laquelle le président chinois Xi Jinping a déclaré fin 2014 que la Chine devait se préparer à une « nouvelle normalité », faite de taux de croissance plus faibles et d’une transition vers une économie de services et de technologies haut de gamme. Elle devra pour cela prendre soin de sa population et surtout de son environnement. La pollution atmosphérique d’un pays dont l’économie s’est jusque-là entièrement consacrée au développement industriel, et où la consommation de charbon est considérable, pourrait en effet devenir un frein très puissant au développement chinois. Fin 2015, Pékin connaît les premières alertes rouges à la pollution de son histoire, conduisant à l’arrêt des chantiers en extérieur et à la fermeture des écoles. Le nombre de décès dus à la pollution est estimé à 4 000 par jour en Chine. Les accidents industriels deviennent également une menace de grande ampleur, comme en témoigne en août la catastrophe du port de Tianjin, métropole de 15 millions d’habitants située à 170 kilomètres au sud de Pékin : l’explosion d’un entrepôt contenant plus de 2 400 tonnes de produits chimiques, dont certains hautement toxiques, provoque la mort de plus de 150 personnes et diffuse aussitôt dans l’atmosphère et les eaux environnantes dix fois plus de cyanure que l’Europe entière en une année. Cette catastrophe est emblématique du développement trop rapide et non maîtrisé de l’industrie chinoise et de son faible niveau de sécurité : le premier semestre 2015 connaît ainsi une moyenne de 140 accidents industriels quotidiens, provoquant la mort de 26 000 personnes.
Il semble que les autorités chinoises ont commencé à prendre la mesure de l’ampleur de la tâche qui leur incombe. La Chine participe ainsi activement à la conférence de Paris sur le climat (COP 21) de décembre 2015. Le Premier ministre du pays premier émetteur de gaz à effet de serre du monde, responsable de 25 p. 100 des émissions de gaz carbonique, déclare ainsi pour la première fois en 2015 vouloir réduire les émissions de son pays « avant 2030 ».
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Écrit par
- Axel MARMOTTANT : chargé de la modélisation prudentielle à la direction financière de la Caisse des dépôts et consignations
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Médias
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