Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DOULEUR ET GLOIRE (P. Almodóvar)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Une recherche de la vérité

Chez Salvador, la recherche de la vérité est tressée par le récit même qu’élabore le film. Ce sont les personnages qu’il croise, ou plutôt qu’Almodóvar scénariste place sur son chemin, qui le font avancer vers cette vérité. Un comédien qu’il a écarté de sa vie depuis trente ans (Asier Etxeandia) et un amour de jeunesse qui assiste par hasard à un spectacle inspiré de leur relation passée (Leonardo Sbaraglia) vont le mettre sur la voie de la guérison. Le comédien le conduit à une voie détournée, une tentative d’élucider ses doutes : l’héroïne, la drogue. L’homme qu’il aima autrefois lui permet de retrouver la confiance qu’il avait perdue. Quant à Mercedes (Cecilia Roth), elle lui confirme ce qu’il sentait vaguement : l’occultation des souffrances du deuil conduit à de périlleuses catastrophes. À la fin du récit, Almodóvar en arrivera à une morale simple : la dépression de Salvador est le symptôme de ses fautes de raisonnement, de ses erreurs d’interprétation. D’où un happy end en forme de pirouette, qui donne son sens à tout ce qui précède.

Douleur et Gloire débute par un exposé de la situation qui dure un peu. Dans les premières évocations de l’enfance, celles des retrouvailles avec le comédien d’autrefois, l’émotion n’est pas encore là : Salvador reste ce personnage plongé dans l’obscurité de sa dépression, de ses nostalgies, soumis à une certaine incompréhension de son état moral. Ce qui est très beau dans Douleur et Gloire, c’est que l’émotion ne montera chez le spectateur qu’au fur et à mesure de l’éclaircissement des situations et de la dissolution des nœuds d’angoisse qui étreignent Salvador. Plus il est lucide, mieux il se porte, et plus le récit est fort.

L’irruption finale d’une scène très érotique, inattendue dans sa forme et à nouveau éclairante sur le psychisme du personnage principal, est l’exemple même de cette force progressive de la narration. De la même manière, la prise de conscience de son deuil par Salvador va de pair avec la mise en scène par Almodóvar de moments décisifs qui montrent son personnage avec sa mère âgée. Comme Salvador, le spectateur voit ces scènes décisives comme par surprise. Elles guérissent le premier et persuadent le second qu’il assiste à l’un des plus beaux films de Pedro Almodóvar.

— René MARX

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

René MARX. DOULEUR ET GLOIRE (P. Almodóvar) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 01/10/2019

Média

<em>Douleur et Gloire</em>, P. Almodóvar - crédits : Manolo Pavon/ El Deseo/ BBQ_DFY/ Aurimages

Douleur et Gloire, P. Almodóvar