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WESTLAKE DONALD (1933-2008)

Comment survivre ?

Tout en continuant d'explorer la veine humoristique (Histoire d'os, 1993 ; Smoke, 1995 ; Les Sentiers du désastre, 2004 ; Motus et bouche cousue, 2005), Donald Westlake publie des romans plus sombres. Déjà, entre 1967 et 1972, il a signé du pseudonyme de Tucker Coe une série de cinq ouvrages consacrés à Mitch Tobin, un policier révoqué pour faute grave. Pour expier en s'isolant du monde, celui-ci passe son temps à construire un mur interminable autour de son jardin et à creuser un second sous-sol dans sa cave. Tobin abandonne parfois ses travaux afin d'enquêter pour des individus qui ne peuvent faire appel ni à la police ni à un privé. Le Couperet (1997) et Le Contrat (2000) appartiennent à cette catégorie de romans graves, à l'écriture glacée. Le premier met en scène un cadre licencié à la suite de la fusion de deux sociétés. Ses recherches infructueuses d'emploi le transforment en psychopathe qui assassine l'un après l'autre ses concurrents potentiels. Le second roman traite de la difficulté d'un écrivain à être publié si ses ventes n'atteignent pas un certain seuil lui permettant de figurer sur la liste. C'est la mésaventure survenue à Wayne, qui se voit refuser un excellent manuscrit. Bryce, bien classé dans les ventes, se trouve par contre en panne d'écriture. Il propose à son confrère un étrange marché. Le récit de Wayne sera édité sous le nom de Bryce et les deux hommes partageront la recette. Mais en prime Wayne devra assassiner la femme de Bryce. Il est si désireux d'être publié qu'il accepte de commettre un meurtre. En renouvelant le thème déjà utilisé par Patricia Highsmith dans L'Inconnu du Nord-Express, Westlake produit une fable cynique qui critique de façon acerbe les mœurs éditoriales américaines.

À partir de 1962, avec Comme une fleur, et jusqu'à 1974, Westlake publie sous le pseudonyme de Richard Stark une vingtaine de romans qui constituent la saga de Parker, un truand souvent confronté au crime organisé. Même s'il vit depuis de nombreuses années du banditisme, Parker appartient à une époque révolue ; il symbolise le travailleur indépendant menacé par la multinationale de l'Organisation. Individualiste, sans doute un brin anarchiste, il refuse de s'intégrer socialement, y compris par le biais de cette forme illégale de socialisation que représente la Mafia. Gardien jaloux de son indépendance, il vit dans une solitude totale et porte un regard froid et distancié sur la société. Cette absence d'émotion se manifeste aussi lorsque, pour sauver sa vie, il doit tuer. Mystérieux et attachant, il ne fait que survivre, et son combat s'achèvera avec lui. Dans quelques-unes de ses aventures (En coupe réglée, 1964), il est accompagné de Grofield, un homme de théâtre qui vole uniquement pour subventionner ses activités artistiques. Dans Comeback (1997), Parker refait surface après une absence de plus de vingt ans et il a connu, depuis lors, plusieurs autres aventures.

Westlake est également un excellent auteur de nouvelles où son humour féroce fait merveille. Il a aussi signé une courte et triste histoire d'amour (Ordo, 1986), un western avec Brian Garfield (Place au gang, 1973) et, sous le pseudonyme de Curt Clark, un roman de science-fiction(Anarchaos, 1967). Mais il reste inégalable lorsque son humour se déchaîne.

— Claude MESPLÈDE

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Claude MESPLÈDE. WESTLAKE DONALD (1933-2008) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Donald Westlake - crédits :  Leonardo Cendamo/ Getty Images

Donald Westlake

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