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DJARĪR (653 env.-env. 733)

Poète arabe du Yamāma, Djārīr b. ‘Atiyya b. al-Khaṭafā b. Badr illustre la grande tradition de la poésie bédouine, et reste avant tout le chantre de sa tribu et de la confédération des Qays, ou Arabes du Nord. Parallèlement, il mène une carrière de panégyriste et prononce l'éloge de princes locaux d'abord, celui des souverains umayyades ensuite. Il s'attache spécialement au service du terrible gouverneur de l'Irak, al-Ḥadjdjadj, le meilleur soutien de la dynastie régnante. Après la mort de son protecteur en 714 (95), le poète connaît des périodes de gloire ou de disgrâce selon la fortune des Qays auprès du pouvoir. Il meurt après l'accession au trône du calife Hishām (724/105), peut-être en 729.

La vogue de Djarīr, établie de son vivant déjà, ne s'est pas démentie jusqu'à nos jours. Et, de fait, il prend part à des joutes poétiques célèbres qui l'opposent à des poètes tout aussi renommés que lui, tels al-Faraz-daq et al-Akhṭal. Jouant son rôle de poète tribal, il exprime dans ses vers toutes les tensions ethniques, religieuses, politiques qui se font jour en ce premier siècle de l'empire musulman.

La satire occupe donc la plus grande partie de son œuvre. Elle se présente sous la forme de brèves épigrammes, mais s'insère souvent aussi dans de plus amples compositions, des qaṣīda tripartites ou quadripartites, où l'invective est introduite par un développement élégiaque et voisine avec une séquence laudative qui la met en valeur. Djarīr est un satiriste virulent, aux traits acérés, à la verve brutale. Il ridiculise, bafoue, vilipende et ne craint pas de recourir à des traits grossiers, voire obscènes. Aussi bien dans la satire que dans les développements laudatifs, descriptifs ou amoureux, la langue est fort belle, vigoureuse, et doit être tenue pour un modèle d'arabe classique. Cette caractéristique du classicisme peut d'ailleurs s'étendre à tous les aspects de l'œuvre de Djarīr, et lui vaut à juste titre de figurer parmi les grands fondateurs de l'art poétique arabe.

— Jamel Eddine BENCHEIKH

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Pour citer cet article

Jamel Eddine BENCHEIKH. DJARĪR (653 env.-env. 733) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARABE (MONDE) - Littérature

    • Écrit par Jamel Eddine BENCHEIKH, Hachem FODA, André MIQUEL, Charles PELLAT, Hammadi SAMMOUD, Élisabeth VAUTHIER
    • 29 245 mots
    • 2 médias
    ...panégyrique et de la satire deux formes de la même inspiration. Les grands fondateurs de cet exercice furent au premier siècle le chrétien al-Aẖṭal, Ǧarīr et al-Farazdaq, trio célèbre pour les violentes diatribes (dites naqā'id) que ses membres échangèrent. Il faut citer à leurs côtés Ṭirimmāḥ...

Voir aussi