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MALAN DANIEL FRANÇOIS (1874-1959)

Issu d'une famille de vignerons d'origine hollandaise, et descendants lointains de huguenots français, Daniel François Malan est né dans la province du Cap, à Riebeeck, dans le village natal de son prédécesseur à la tête de l'Afrique du Sud, Jan Smuts. Après des études à l'université de Stellenbosch, qu'il poursuit à Utrecht en Hollande, il obtient le grade de docteur en théologie. De retour en Afrique du Sud, il devient pasteur de l'Église hollandaise réformée et exerce son ministère jusqu'en 1914. Il est alors invité à prendre la tête du journal Die Burger, organe officiel du Parti nationaliste du Cap et dirige le parti dans cette province. Il défend obstinément les idées des Afrikanders, descendants des Hollandais et des Boers, hostiles aux descendants des Britanniques dans le pays. En 1918, il est élu député et, à ce titre, se rend à la Conférence de la paix à Versailles pour plaider la cause d'un État libre en Afrique du Sud. En 1924, il devient ministre de l'Intérieur et de la Santé dans le gouvernement du général Hertzog, un nationaliste modéré. En 1927, il dépose un projet de loi sur le drapeau, pour que soit supprimée l'Union Jack de l'emblème national.

Lorsque le général Hertzog forme un gouvernement de « fusion » avec le maréchal Smuts, en 1933, le Dr Malan refuse d'en faire partie et entraîne avec lui les nationalistes les plus déterminés, qui font scission et quittent le Parti uni formé par Hertzog et Smuts. Il dirige l'opposition à la tête du Parti nationaliste unifié à partir de 1934. Membre de l'Afrikander Broederbond, qui devient rapidement une société secrète ayant pour but la sécession d'avec l'Angleterre et la prise du pouvoir par les Afrikanders, il est hostile à la participation sud-africaine à la Seconde Guerre mondiale. Il mise sur la victoire finale des nazis, mais prend cependant soin de désavouer publiquement l'organisation pro-nazie Ossewabrandwag. Son parti subit une lourde défaite en 1943. Il concentre alors ses efforts sur les problèmes des relations entre les races. Ayant fait de la politique d'apartheid, c'est-à-dire de la ségrégation raciale, l'axe principal de la propagande de son parti, il remporte les élections en juin 1948 et devient Premier ministre. Il applique ses doctrines sur la séparation des races, visant à empêcher que les Blancs soient submergés par la population noire et à assurer la domination blanche. La tension raciale qui résulte de cette politique l'oblige à marquer une pause en 1951. Il tente, sans y parvenir, d'enlever aux métis le droit de figurer sur les mêmes listes électorales que les Blancs. En revanche, il favorise l'investissement systématique de l'appareil d'État, et spécialement de l'armée et de l'administration par les Afrikanders. De ce fait, l'influence anglaise recule. Cependant, Malan met en sourdine les velléités de séparatisme. Il assiste aux conférences du Commonwealth et représente son pays au couronnement de la reine Elizabeth.

Il ne parvient pas à annexer les trois protectorats britanniques qui deviendront plus tard indépendants (Swaziland, Betchouanaland et Lesotho). En revanche, il ne cède pas sur le Sud-Ouest africain (Namibie). En 1953, redevenu Parti national, après avoir fusionné en 1951 avec le Parti afrikander, il remporte les élections avec une marge plus importante encore qu'en 1948. Mais, lorsque le Dr Malan annonce qu'il se retire des affaires publiques en novembre 1954, à l'âge de quatre-vingts ans, on estime qu'il veut préserver l'unité du parti menacée par la lutte entre modérés et extrémistes et éviter de longues incertitudes au sujet de sa succession. Face à ses héritiers, Strijdom et Verwoerd, Malan fait presque figure de modéré. Il n'a jamais poussé à fond l'application des principes qu'il défendait.[...]

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Écrit par

  • : diplômée d'études supérieures de science politique, chargée d'études à la direction de la Documentation française

Classification

Pour citer cet article

Martine MEUSY. MALAN DANIEL FRANÇOIS (1874-1959) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par Ivan CROUZEL, Dominique DARBON, Benoît DUPIN, Universalis, Philippe GERVAIS-LAMBONY, Philippe-Joseph SALAZAR, Jean SÉVRY, Ernst VAN HEERDEN
    • 29 784 mots
    • 28 médias
    ...sociale via des sociétés culturelles, des groupements occultes comme l'Afrikaner Broederbond, ou des banques, amènent une génération de nouveaux leaders communautaires à des postes de décision.En 1948, cette dynamique est consacrée par la victoire électorale du National Party (NP) du docteur Malan.
  • APARTHEID

    • Écrit par Charles CADOUX, Benoît DUPIN
    • 9 061 mots
    • 8 médias

    L'abolition officielle de l'apartheid en 1991 a mis fin sur le plan juridique à un système social de relations interpersonnelles et intercommunautaires qui avait progressivement rejeté l'Afrique du Sud blanche au ban de la communauté internationale.

    C'est en 1950 que le mot afrikaans...

  • APARTHEID - (repères chronologiques)

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 352 mots

    Mai 1948 Vainqueur des élections, le Parti national de Daniel F. Malan, héritier du « Parti nationaliste purifié » fondé en 1930, entreprend une politique de ségrégation raciale systématique.

    1949 Une loi interdit les mariages entre Blancs et non-Blancs.

    1950 Le Population Registration...

Voir aussi