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GOVONI CORRADO (1884-1965)

Né près de Ferrare de souche paysanne, ce chantre inlassable de la plaine du Pô quitte sa terre vers la trentaine pour faire à Milan puis à Rome, où il est mort, les métiers les plus divers, en même temps qu'il écrit nouvelles, romans, pièces de théâtre, anthologies. Govoni poursuit surtout de façon exemplaire, pendant plus de cinquante ans, sa carrière de poète. Tout au long de ce demi-siècle dramatique, agité sur le plan littéraire et secoué de vicissitudes privées, à travers les éclipses et les consécrations de sa renommée (de 1933 à 1953, bien des prix le couronnent), il n'a cessé d'œuvrer à l'élaboration de son langage poétique, sa seule aventure, sa joie. Ses premiers vers, à vingt ans — Le Fiale (Les Fioles) ; Armonia in grigio e in silenzio (Harmonie en gris et en silence) —, rompent, en pleine gloire d'annunzienne, avec l'art du maître. On y entend les premiers accents crépusculaires : dans une langue effacée, un modeste monde mélancolique. Mais bien vite apparaît dans ses vers un monde plus vigoureux, une abondance jamais vue de choses présentées en un inventaire surprenant. C'est que Govoni voit les choses comme d'autres formes de ses sentiments et que, par les objets choisis, il exprime sa propre façon de sentir la vie et le monde ; ce monde qu'il sentira bientôt « analogique », fait d'une unique « pulpe » sous l'incalculable variété des formes. Il n'a rien d'un théoricien ; c'est par ses étonnantes facultés réceptives qu'il saisit tout, et appréhende la multiplicité des choses. Mais progressivement, il contrôle ce flot de matière verbale et, sans l'appauvrir, le purifie, l'endigue (Poesie elettriche, 1911 ; L'Inaugurazione della Primavera, 1915) ; il parvient plus tard, par un jeu très serré de rapports et de transpositions, à un langage surréaliste où l'objet pourtant reste indestructible. Ainsi l'art de Govoni, toujours plus, se change en lui-même.

— Germaine LECLERC

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Classification

Pour citer cet article

Germaine LECLERC. GOVONI CORRADO (1884-1965) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CRÉPUSCULAIRES LES

    • Écrit par Norbert JONARD
    • 1 368 mots
    • 1 média
    ...Sergio Corazzini ou Giulio Giannelli, soit qu'ils fussent « malades, comme il convient, d'on ne sait trop quoi », comme Marino Moretti, ou Corrado Govoni qui avouera plus tard : « À cette époque, qui ne se sentait pas un peu candidat à l'étisie et ne flirtait pas avec elle ? »
  • ITALIE - Langue et littérature

    • Écrit par Dominique FERNANDEZ, Angélique LEVI, Davide LUGLIO, Jean-Paul MANGANARO
    • 28 412 mots
    • 20 médias
    ...inclassables, parmi des écrivains qui évoluent entre crépuscularisme et futurisme, et qui exerceront une influence durable dans la littérature du Novecento : Corrado Govoni et Aldo Palazzeschi (1885-1974). Govoni reprend à son compte l’imaginaire futuriste mais pour l’insérer dans un univers impressionniste...

Voir aussi