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CAMOMILLE

Petite camomille (inflorescences) - crédits : Astrid Gast/ Panther Media/ Age Fotostock

Petite camomille (inflorescences)

On emploie de préférence en médecine la camomille vraie, ou camomille romaine (Anthemis nobilis L. ; composées), et surtout, à tort, celle du commerce dont les fleurs « doubles », sans cœur jaune, sont moins actives que celles de la plante sauvage des moissons. La matricaire camomille (Matricaria chamomilla L.), plus répandue dans l'ensemble de la France, peut lui être substituée sans inconvénient. Cueillir en dernier lieu, à cause de leur odeur désagréable, la maroute (Anthemis cotula L.) et la grande camomille (Chrysanthemum parthenium Bernh.). Les fleurs seules sont couramment utilisées. Les premiers auteurs qui ont parlé de la camomille faisaient allusion non à la romaine, improprement nommée (elle n'existe que dans la région atlantique au sens strict), mais à la maroute et à la matricaire camomille, présentes à peu près partout. Plus tard, la camomille romaine, qui les a détrônées dans l'herboristerie après avoir été répandue par la culture dans une bonne partie de l'Europe (comme plante à la fois médicinale et ornementale sous la race à fleurs doubles), endossera leurs indications thérapeutiques.

La camomille, qui renferme une essence aromatique de composition complexe, est tonique, stimulante, fébrifuge, antispasmodique, analgésique, vermifuge. Ses indications, très nombreuses, ne peuvent être examinées ici en détail. Plante tonique, la camomille s'emploie traditionnellement comme « digestive » en infusions légères à peu près dépourvues d'effet réel. C'est, au contraire, une « apéritive » de valeur à prendre une demi-heure avant les repas pour combattre l'anorexie, prévenir les spasmes gastriques et remédier à l'atonie intestinale. Elle calme aussi les vomissements. Emménagogue, elle s'indique dans l'aménorrhée d'origine nerveuse et dans la dysménorrhée : elle rééquilibre les règles en atténuant progressivement leurs douleurs. Fébrifuge, elle a rendu service autrefois dans les fièvres intermittentes paludéennes. Ses propriétés analgésiques, assez récemment révélées, sont sans doute les plus intéressantes : la camomille dissipe ou atténue sensiblement les migraines d'origine nerveuse ou grippale, les courbatures fébriles, les névralgies faciales, y compris, chez certains sujets, celles du tri-jumeau.

On emploie l'infusion prolongée : une cuillerée à soupe de fleurs sèches pour 100 grammes d'eau bouillante ; laisser en contact une heure ; passer en exprimant ; à prendre loin des repas. À cette infusion d'un goût désagréable, qui révulse certains estomacs, on préférera la poudre de fleurs sèches : broyer 4 grammes de fleurs au mortier avec une quantité suffisante de sucre (qui tient le rôle de meule) ; répartir en six doses à prendre dans les vingt-quatre heures avec un peu d'infusion (tilleul, fleur d'oranger), mêlée à de la confiture, etc. Un verre d'infusion additionnée de sucre, d'un peu de jus de citron et d'une cuillerée à soupe d'huile d'olive, pris en deux fois, l'après-midi et le soir, a des effets vermifuges, contre les oxyures en particulier.

L'infusion à 1 p. 100, instillée tiède au coin des paupières, est un collyre très populaire qui calme bien les conjonctivites. La décoction plus concentrée (15 g) servait autrefois au lavage et au traitement des plaies et des ulcères. Cette décoction, antiseptique, adoucissante et cicatrisante, calme les gerçures et les engelures ; elle s'emploie aussi en bains de bouche (aphtes, gingivites), en lotions pour éclaircir et tonifier les cheveux blonds ou châtains (la plante entre dans certains shampooings du commerce).

Les sels de mercure, d'argent, de plomb, le sulfate de fer, les plantes à tanin et les dérivés du quinquina sont incompatibles avec la camomille.

— Pierre LIEUTAGHI

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Pour citer cet article

Pierre LIEUTAGHI. CAMOMILLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Petite camomille (inflorescences) - crédits : Astrid Gast/ Panther Media/ Age Fotostock

Petite camomille (inflorescences)

Autres références

  • COMPOSÉES

    • Écrit par Chantal BERNARD-NENAULT, Jacques MIÈGE
    • 3 791 mots
    • 10 médias
    Les plantes à usage médicinal sont nombreuses. Elles sont employées comme antispasmodiques et anti-inflammatoires (Anthemis nobilis = camomille romaine, Matricaria chamomilla = camomille allemande, Achillea millefolium et A. ptamirca = achillées). Beaucoup d'espèces contiennent de la...

Voir aussi