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SPOCK BENJAMIN MCLANE (1903-1998)

Pédiatre et auteur d'un best-seller sur l'éducation, Benjamin McLane Spock est né le 2 mai 1903 à New Haven (Connecticut) dans une famille issue des premiers immigrés néerlandais. Aîné de six enfants, fils d'avocat, ce rameur dans l'équipe de Yale College gagna la médaille d'or aux jeux Olympiques de Paris (1924). Après des études médicales à Yale et à Columbia University, une spécialisation en pédiatrie et un internat en psychiatrie au New York Hospital (1932), il suivit des cours au New York Psychoanalytic Institute de 1933 à 1938.

Son cabinet de pédiatrie à New York (1933-1947) connut un succès immédiat en raison du comportement détendu et chaleureux de Spock à l'égard des enfants. Il attribuait son succès à sa formation psychanalytique, à son souci de concilier les théories freudiennes sur le vécu de la petite enfance avec ce que les mères lui racontaient concernant leurs bébés, ainsi qu'à sa mise en pratique des vues éducatives de John Dewey.

Spock publia en 1946 The Common Sense Book of Baby and Child Care alors qu'il travaillait comme psychiatre dans des hôpitaux militaires à New York et en Californie (1944-1946). Ce livre, par la suite réintitulé Dr. Spock's Baby and Child Care, rencontra immédiatement un immense succès. Traduit en quarante-deux langues, il s'est vendu à 50 millions d'exemplaires dans le monde. Aux États-Unis, c'est le plus grand succès de librairie après la Bible. La première version française date de 1952. Plusieurs fois remanié et réédité, il a aujourd'hui pour titre L'Art d'être parents.

L'ensemble des treize ouvrages de Spock introduit la notion du bon sens dans l'éducation des tout-petits, rompt avec la rigidité des pratiques éducatives aux États-Unis, qui imposaient de nourrir et de langer à heures fixes, de pratiquer le châtiment corporel et d'éviter la moindre manifestation d'affection. Spock expliquait aux parents qu'ils étaient maîtres du devenir de leurs bébés, conseillant de les caresser, de jouer avec eux et de les considérer comme des êtres humains et non plus comme de simples tubes digestifs : « Enjoy your baby ». Il prônait une famille unie par des liens étroits et engageait les parents à penser par eux-mêmes sans s'en remettre à l'expertise des médecins et de commettre sans crainte des erreurs : « Trust yourself » fut un autre de ses slogans. Cette souplesse fondée sur le respect de l'enfant lui valut d'être considéré par les milieux conservateurs comme le père de la génération des hippies et le responsable de la révolte des jeunes contre la guerre du Vietnam : ses principes éducatifs laxistes auraient ouvert la porte à la permissivité. En 1974, il reconnut être allé trop loin dans certaines recommandations éducatives, notamment en ce qui concerne le souci d'éviter tout conflit avec les enfants. Curieusement, celui qui recommandait aux parents d'entourer leurs enfants d'affection n'embrassait jamais les siens et disait regretter d'avoir été trop absorbé par ses activités professionnelles lorsque ses deux fils étaient enfants.

À partir des années 1950, Spock enseigna la pédiatrie à l'université et donna des conférences sur la façon de rendre le monde meilleur, tout en poursuivant son œuvre en collaboration avec sa première épouse, Jane Davenport Cheney, et en effectuant les mises à jour de son manuel, rendues nécessaires par les découvertes sur les aptitudes du nouveau-né et le développement de l'enfant, et par l'évolution des mentalités. Comme le mouvement féministe dénonçait certains passages qui perpétuaient la discrimination entre les deux sexes, Spock modifia la quatrième édition de son manuel en 1976, abandonnant le genre masculin pour parler du bébé, remplaçant le mot « mère » par celui de « parent », reconnaissant que le père devait être[...]

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Écrit par

  • : Ph.D. de Columbia University, New York, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III

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Pour citer cet article

Pamela TYTELL. SPOCK BENJAMIN MCLANE (1903-1998) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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