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BELLEAU RÉMY ou REMI (1528-1577)

Poète français appartenant à la Pléiade. Né à Nogent-le-Rotrou dans un site champêtre, Rémy Belleau vint à Paris comme précepteur de Charles de Lorraine et résida jusqu'à sa mort en l'hôtel de Guise. Intelligent sans surcharge d'érudition, il était avant tout « un homme qui plaisait ». Il fut l'ami sans nuage de Ronsard et l'on sait que Belleau et Ronsard n'estaient qu'un / Et que tous deux avaient un même cœur commun.

Il rejoignit la Brigade puis la Pléiade et publia en 1556 Les Odes d'Anacréon, Teien, trad. de grec en françois par Rémy Belleau, ensemble quelques petites hymnes de son invention. Bien qu'un peu sèche selon Ronsard, cette translation avait pour elle la fidélité et l'exactitude qui en firent le succès. Le talent délicat et mignard de Belleau s'accommodait bien de l'art d'Anacréon. Ses poèmes personnels manquaient encore d'originalité et il fallut attendre Bergerie (1565) pour que se révélât sa veine, mineure mais personnelle. La lecture de l'Arcadia (1504) de l'Italien Jacopo Sannazaro, dit le Virgile chrétien, suscita sans doute les réminiscences d'une enfance pastorale qui insufflent à ce recueil de structure académique un souffle d'air frais et d'authenticité. Si le cadre en est factice, les sources surabondantes (de l'Ancien Testament à Ronsard), on y trouve de jolis tableaux de nature et plus d'une fois un sens réaliste de la campagne plus plaisant au lecteur d'aujourd'hui que l'allégorie politique qui s'y insère.

C'est peut-être le fait d'avoir étudié sous Buchanan avec Jodelle qui lui inspira une comédie, La Reconnue (composée vers 1563 et publiée en 1578), où, délaissant la grossièreté de la farce médiévale, il s'orienta vers la comédie de mœurs. L'Ecclésiaste et le Cantique des cantiques l'inspirèrent également ; enfin un lapidaire, Amours et nouveaux eschanges des pierres précieuses, vertus et propriétés d'icelles (1576), mit fin à son œuvre.

Selon certains le moins lyrique des poètes de la Pléiade, le plus pudique au dire d'autres, Rémy Belleau ne déborde certainement pas d'imagination et il imita plus qu'il ne créa, mais il demeure un orfèvre du verbe dont Ronsard écrivit : Luy mesme a basti son tombeau / Dedans ses pierres précieuses.

Son charme avait conquis tous les cœurs — y compris celui des poètes, ses rivaux, au point que l'année de sa mort ils éditèrent le reliquat de son œuvre dans le Remigii Belloquei poetae Tumulus.

— Hubert HARDT

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Pour citer cet article

Hubert HARDT. BELLEAU RÉMY ou REMI (1528-1577) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BLASON, littérature

    • Écrit par Nicole QUENTIN-MAURER
    • 532 mots

    Courant dès le xiie siècle, le terme de blason s'emploie à l'origine avec la signification de : discours, conversation, description, explication, propos. Vers la fin du xve siècle, c'est aussi une sorte de poésie, qui décrit minutieusement, sur le mode de l'éloge ou de la ...

  • PLÉIADE

    • Écrit par Gilbert GADOFFRE
    • 3 489 mots
    ...ou dix ans de moins que Ronsard, mais ce court intervalle a suffi pour leur épargner le moment d'hésitation qui a suivi la publication de la Deffence. Rémy Belleau va même devenir l'ami de cœur et le confident de Ronsard, et son apport est loin d'être négligeable puisqu'il a introduit Anacréon et la...