MCCLINTOCK BARBARA (1902-1992)
Barbara McClintock est une généticienne américaine qui a reçu le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1983, pour la découverte d'éléments génétiques mobiles : les gènes « sauteurs » ou transposons.
Barbara McClintock est née le 16 juin 1902 à Hartford (Connecticut). Son père est médecin et elle s'intéresse très tôt aux sciences. Dès l’enfance, elle fait preuve d'une indépendance d'esprit et d'action qu'elle conservera tout au long de sa vie. Après ses études secondaires, elle entre à l'université Cornell en 1919, pour suivre des études de biologie et obtient un doctorat en 1927, avec une spécialisation en cytologie, génétique et zoologie. Durant ces études, elle entame les recherches qui l'occuperont tout au long de sa vie : l'analyse des chromosomes du maïs. Pour ce faire, elle utilise une technique de coloration qui lui permet de les examiner au microscope, de les identifier et de les décrire. Le maïs restera son « végétal modèle » durant toute sa carrière scientifique.
On peut distinguer deux grandes périodes dans ses travaux : les études sur les chromosomes du maïs jusque vers 1940 et les études sur la génétique de cette céréale.
Après ses premiers travaux sur la structure des chromosomes du maïs, Barbara McClintock écrit en 1931, avec sa collaboratrice Harriet Creighton, un article (« Une corrélation entre crossing-over cytologique et génétique dans le maïs »), qui démontre la réalité de l’échange d’information génétique entre chromosomes. En pratique, elle démontre l’existence matérielle de phénomènes génétiques qui jusque-là étaient essentiellement des interprétations de données de croisements. À la suite de ses expérimentations et des articles qu'elle publie au cours des années 1930, Barbara McClintock est élue vice-présidente de la Société américaine de génétique en 1939, puis présidente en 1944. Elle reçoit une bourse Guggenheim en 1933-1934 pour travailler en Allemagne dans le laboratoire de Richard Goldschmidt, mais elle quitte rapidement ce pays en raison de la montée du nazisme. Quand elle retourne à l'université Cornell, c'est pour découvrir que cet établissement n'engagerait pas de professeur femme. La Fondation Rockefeller financera ses recherches à Cornell (1934-1936) jusqu'à ce qu'elle soit engagée par l'université du Missouri (1936-1941).
En 1941, Barbara McClintock s'installe à Long Island, à New York, pour travailler au Laboratoire de Spring Harbor, qu'elle ne quittera plus jusqu'à sa retraite. C’est dans ce laboratoire que débute la seconde phase de ses travaux. Dans les années 1940, en étudiant les variations de coloration de grains de maïs, elle découvre que l'information génétique n'est pas stable. En observant les changements de pigmentation des grains et en examinant au microscope les grands chromosomes de cette plante, elle définit deux gènes qu'elle appelle « éléments contrôlants » (Dissociator, Ds, et Activator, Ac), et les distingue des gènes qui codent pour les caractères. Barbara McClintock constate que ces éléments contrôlants peuvent se déplacer sur le chromosome et que ces déplacements modifient le comportement des gènes voisins. Elle conclut que ces structures, dites transposables (ou gènes sauteurs ou transposons) sont responsables des mutations associées aux changements de pigmentation des grains ou à d'autres caractéristiques de la plante.
Les travaux de Barbara McClintock étaient en avance sur son temps. Ils ont démontré que le génome n’était pas aussi stable qu’on l’admettait. Mais le fait qu’elle soit une femme, travaillant en génétique des végétaux sur un modèle « impossible » (le maïs), réalisant des expériences difficiles à comprendre et défendant des conclusions peu conformes à l’orthodoxie de la fixité des génomes, eut pour conséquence que, pendant de nombreuses années, les autres chercheurs jugèrent ses travaux trop audacieux ou les ignorèrent purement et simplement. Profondément déçue par le dogmatisme de ses collègues, Barbara McClintock cessa de publier ses résultats et de donner des conférences sur les gènes de contrôle vers 1953. Néanmoins elle poursuivit ses recherches sur l’origine du maïs en Amérique du Sud, où les variants naturels de celui-ci sont fréquents. Les membres de la communauté scientifique ne commencèrent à s’intéresser à ses données qu'au cours des années 1960. Ce fut d’abord avec la découverte dans les bactéries de mécanismes de contrôle de l’activité des gènes très semblables à ceux qu’elle avait décrits. Ce fut ensuite la découverte des éléments transposables dans les bactéries, puis parmi les virus (rétrovirus) et enfin chez les eucaryotes. À la fin des années 1970, les gènes Ac et Ds décrits par Barbara McClintock furent isolés et reconnus en tant que transposons. Cette reconnaissance tardive fut accompagnée d'une pluie de récompenses et de distinctions, au premier rang desquelles le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1983. Barbara McClintock fut la première femme à recevoir seule cette récompense.
Barbara McClintock est morte le 2 septembre 1992, à Huntington (État de New York).
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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