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BALTHUS BALTHAZAR KLOSSOWSKI DE ROLA dit (1908-2001)

La personnalité et l'œuvre de Balthus sont masquées aux yeux du grand public par la légende dont il s'est entouré et qu'il a soigneusement alimentée dès sa jeunesse. D'ascendance polonaise par son père et russe par sa mère (mais tous deux ressortissants prussiens ce qui explique que le jeune Balthus, né à Paris en 1908, ait vécu de 1914 à 1924 à Berlin puis en Suisse), il s'attribua un titre de comte et des parentés avec la plus haute noblesse slave et européenne, tout en se créant un personnage : dandy ténébreux à la Byron dans les années 1930, il devint il signor conte à la Villa Médicis, l'Académie de France à Rome, dont il fut le directeur et dont il conduisit les travaux de restauration de 1961 à 1977. Au soir de sa vie, mettant en avant l'intérêt qu'il portait depuis l'enfance à la culture extrême-orientale, il posa volontiers vêtu de somptueux kimonos, dans le « Grand Châlet » de Rossinière en Suisse, où il s'était retiré.

Parallèlement, on ne retient souvent de son œuvre, révélée tardivement au public par la rétrospective de 1983-1984 (Musée national d'art moderne, Paris, et Metropolitan Museum of Art, New York), que les représentations de très jeunes filles dénudées, faussement innocentes, dont il nia toujours l'érotisme, se démarquant ainsi de la production romanesque aussi bien que graphique de son frère aîné Pierre Klossowski.

Un réalisme onirique

Autodidacte, Balthus fut élevé par son père Erich Klossowski, peintre et historien de l'art, dans l'admiration de Cézanne, et poussé par Bonnard et Maurice Denis, auxquels ses parents étaient liés, à copier les tableaux de Poussin au Louvre et les fresques de Piero della Francesca à Arezzo. De son côté, Rilke – dont sa mère « Baladine » fut l'égérie à partir de 1922 – l'encouragea, préfaçant un petit livre de ses dessins (l'histoire de Mitsou, un chat qui devint son animal emblématique) et lui adressant chaque année une lettre à l'occasion d'un anniversaire qui fait partie de la légende balthusienne (il est né un 29 février).

Dans les années 1930, Balthus élabora une œuvre singulière, d'un réalisme puissant, teintée d'onirisme et de réminiscences enfantines : La Rue (Museum of Modern Art, New York), ou d'un érotisme violent : Alice et La Toilette de Cathy (Musée national d'art moderne, Paris), La Leçon de guitare. Ces toiles furent présentées en 1934 à la galerie Pierre, alors le haut lieu du surréalisme à Paris. Bien que lié d'amitié à Giacometti, Miró, Pierre Jean Jouve, Marie-Laure de Noailles ou Albert Skira qui publia, en 1935, dans Minotaure huit de ses illustrations pour Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, Balthus se tint toujours à distance de ce mouvement, refusant toute interprétation psychanalytique de ses œuvres. L'exposition le fit remarquer d'Antonin Artaud qui élaborait alors sa théorie du Théâtre de la cruauté, et pour lequel il créa, en 1935, les décors et costumes des Cenci. Cette collaboration en entraîna d'autres, notamment avec Albert Camus et Jean-Louis Barrault pour L'État de siège (1948).

De cette période, on retiendra encore Les Enfants Blanchard (musée Picasso, Paris), La Montagne (Metropolitan Museum of Art, New York) dont le personnage central est sa première épouse Antoinette de Watteville. Puis, pour les années de guerre, Le Salon (Museum of Modern Art, New York) et La Victime. Ensuite La Toilette (1947, Hirshhorn Museum, Washington D. C.), enfin Le Passage du Commerce-Saint-André et La Chambre (1952-1954).

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Classification

Pour citer cet article

Virginie MONNIER. BALTHUS BALTHAZAR KLOSSOWSKI DE ROLA dit (1908-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ACADÉMIE DE FRANCE À ROME

    • Écrit par Robert FOHR
    • 3 052 mots
    • 2 médias
    ...d'autres domaines, d'en fixer les orientations. Ce fut tout d'abord, au terme d'un retentissant conflit d'autorité qui opposa le ministre à l'Institut, la nomination au poste de directeur d'un artiste étranger au circuit académique, le peintre Balthus. Par sa formation et sa vaste culture, celui-ci incarnait...
  • NATURE MORTE

    • Écrit par Robert FOHR
    • 5 700 mots
    • 10 médias
    Présente chez des artistes aussi différents que Vlaminck, Derain, Dufy, Dunoyer de Segonzac, Balthus, Léger, Fautrier et Buffet, la nature morte s'impose une dernière fois au xxe siècle grâce au poète de la lumière et du silence qu'est l'Italien Morandi, grâce également à deux grands peintres...

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