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BALASSI BÁLINT (1554-1594)

L'œuvre du premier grand poète d'expression magyare constitue le sommet littéraire de la Renaissance en Hongrie. C'est aussi à partir de Balassi que la poésie lyrique prédomine dans les lettres hongroises. Ses poèmes d'amour, ses psaumes, ses chants patriotiques unissent en une synthèse vivante la tradition hongroise, l'héritage classique et le courant international du pétrarquisme. Par son authentique esprit national et ses qualités artistiques, l'œuvre de Balassi demeure, jusqu'au xixe siècle, le principal modèle poétique dans son pays.

Poète et aventurier

Au xvie siècle, le centre de la Hongrie fut envahi par les Turcs, mais la civilisation de la Renaissance continua à prospérer sur les territoires qui résistaient à l'ennemi et notamment dans les châteaux devenus les foyers de la vie courtoise. Bien qu'appartenant par sa famille à cette couche sociale, le baron de Balassi, par suite des démêlés de son père avec la cour impériale de Vienne, perdit de bonne heure la majeure partie de sa fortune. Il mena une existence agitée, engagea d'infructueux procès pour récupérer ses biens et se battit vaillamment contre les Turcs. Ses violences et ses conquêtes amoureuses lui valurent une réputation d'aventurier. Sa vie mouvementée ne l'empêcha pas cependant d'acquérir une vaste culture humaniste ni d'apprendre huit langues étrangères. Il trouva la mort au siège de la citadelle d'Esztergom occupée par les Turcs.

Balassi transforma le madrigalisme pétrarquisant, très répandu en Hongrie à cette époque, en une expression lyrique originale. L'homme est tout entier tendu vers les plaisirs de l'existence. Dans sa poésie, il fait de la bien-aimée le symbole de tous les sentiments nobles et élevés, l'incarnation de la beauté et du bonheur. Tout en s'adressant à des créatures différentes, objets de sa flamme, il proclama maîtresse de son cœur une grande dame, Anna Losonczy, qu'il appela Julia à la manière d'un de ses maîtres, le poète flamand Jean Second. Il lui dédia un cycle entier sur le modèle de Il Canzoniere de Pétrarque.

Sa pensée s'ouvrit largement à l'influence du platonisme, mais elle n'en trouva pas moins l'équilibre en puisant également aux sources de la passion charnelle, en s'inspirant des événements d'une existence tourmentée. Contrairement à d'autres poètes pétrarquisants qui choisissaient de vivre auprès des princes, Balassi mena une existence de guerrier, ignorant le repos, courant l'Europe. Aussi ses poésies abondent-elles en métaphores, empruntées à la vie militaire et à la lutte contre l'envahisseur. Même ses heureuses descriptions des beautés de la nature associent ce thème, redécouvert par la Renaissance, à l'état d'esprit du soldat qui campe à la belle étoile, au milieu des périls.

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Écrit par

  • : Membre de l'Académie hongroise, professeur associé à la faculté des lettreset sciences humaines de Paris.

Classification

Pour citer cet article

Tibor KLANICZAY. BALASSI BÁLINT (1554-1594) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HONGRIE

    • Écrit par Jean BÉRENGER, Lorant CZIGANY, Universalis, Albert GYERGYAI, Pierre KENDE, Edith LHOMEL, Marie-Claude MAUREL, Fridrun RINNER
    • 32 134 mots
    • 19 médias
    Les chants pieux et les chansons militaires, les contacts réitérés avec l'Orient et l'Occident vont féconder l'imagination du premier poète lyrique, Bálint Balassi (1554-1594). Soldat, aventurier et patriote, nature violente, amoureux des femmes, de la nature, il chante comme Ronsard,...

Voir aussi