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PLATEN AUGUST VON (1796-1835)

Républicain par ses idées, aristocrate dans sa recherche de la beauté formelle, August von Platen est avant tout poète lyrique. Admirateur de l'Antiquité et de la Renaissance, il considère la poésie comme une véritable mission. Mi-Tristan, mi-don Quichotte, il refuse le trivial et le laisser-aller. Sa philosophie se fonde sur une esthétique :

   Celui qui a vu la beauté de ses yeux    Est déjà livré à la mort    N'est plus bon au service terrestre    Celui qui a vu la beauté de ses yeux !    Mais il frémira aux approches de la mort.

On comprend son isolement au milieu des junkers appauvris, mais aussi le désaccord qui l'oppose à Heine. Ce dernier lui reproche son orientalisme et en particulier les ghasels que Platen cisèle : Ghasels (1821), Le Miroir de Hafis (Der Spiegel des Hafis, 1823), Nouveaux Ghasels (1823). Heine l'attaque avec violence : « Des fruits volés dans le jardin de Chirah, ils en ont trop mangé et vomissent des ghasels. » Platen répondra dans L'Œdipe romantique (Der romantische Œdipus, 1828). Austère, timide et orgueilleux, Platen laisse des ballades de belle facture : Le Pèlerin de Saint-Just (Der Pilgrim von Saint-Just, 1819), Une tombe de Busento (Grab im Busento, 1820) ; Les Sonnets vénitiens (1825) chantent le regret de la Renaissance et de son idéal républicain. Parmi ses autres œuvres, il faut citer les poèmes politiques qui, au-dessus de tous les partis que Platen méprise, chantent la liberté idéale : ainsi, Les Chants polonais (Polenlieder, 1830-1831). Platen est beaucoup moins heureux au théâtre. Ses pièces sont injouables et peu originales : La Fourchette fatale (Die verhängnisvolle Gabel, 1826), comédie satirique, La Ligue de Cambrai (1833), tragédie qui montre la part que prennent les humbles à l'édification d'un ordre républicain. Incompris dans son pays, Platen quittera l'Allemagne en 1826 et mourra à Syracuse neuf ans plus tard.

— Marie-Claude DESHAYES

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Marie-Claude DESHAYES. PLATEN AUGUST VON (1796-1835) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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