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AUGUST SANDER, VOIR, OBSERVER ET PENSER (exposition)

Reconnu comme un des grands maîtres du portrait social, August Sander a également imposé sa signature dans les domaines du paysage et de la photographie de nature. À travers une centaine d'épreuves, l'exposition de la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris (9 septembre-20 décembre 2009) proposait une approche raisonnée d'une œuvre qui s'est construite sur un demi-siècle.

August Sander naît le 17 novembre 1876 à Herdorf, en Rhénanie-Palatinat. Fils de mineur, l'adolescent suit les traces de son père dès la fin de sa scolarité. Pour être dure, la jeunesse de Sander n'en est pas moins heureuse. L'enthousiasme suscité par la rencontre avec le photographe Heinrich Smeck favorise l'épanouissement précoce d'un artiste immédiatement porté à réaliser les portraits des gens du village et de la mine. Devenu professionnel, Sander s'établit à Linz, en Autriche, où il travaille comme employé avant de se mettre dès 1902 à son compte. Sa réputation de photographe d'art établie, il obtient en 1904 plusieurs distinctions d'excellence en Allemagne, en Autriche et une médaille d'or à l'exposition internationale des Arts décoratifs du Grand Palais à Paris. En 1910, August Sander s'installe avec sa famille à Cologne où il ouvre un nouvel atelier de portraitiste dont la clientèle dépasse rapidement les limites de son quartier de Lindenthal. À la fin de la Grande Guerre, au cours de laquelle il sera mobilisé dans l'armée de réserve, August Sander développe son activité de portraitiste avec la détermination de lui insuffler une dimension humaniste et documentaire qui dépasse la commande à laquelle il doit sa prospérité et sa reconnaissance.

Proche du groupe d'artistes Kölner Progressive acquis aux courants du constructivisme et de la Nouvelle Objectivité (parmi eux, le peintre Anton Räderscheidt qui prêtera dans Cologne déserte sa silhouette kafkaïenne pour une photographie célèbre), August Sander conçoit le projet ambitieux d'une œuvre constituée de portraits capables de donner une image significative de ses contemporains. En artisan méthodique et clairvoyant, il structure la tâche à venir : ses Hommes du XXe siècle compteront 512 portraits serrés en 46 portfolios de 12 pièces regroupés en sept grands chapitres. La première livraison de l'œuvre rassemble en 1929 soixante portraits dans le livre Antlitz der Zeit ou Visages d'une époque. Plusieurs de ces photographies feront figure d'icônes dans l'histoire de la photographie, les trois jeunes Paysans (1914), la figure trapue du Pâtissier à ses fourneaux (1928) et surtout le jeune Manœuvre de 1928.

La notoriété de Sander lui ouvre les studios radio de la Westdeutscher Rundfunk de Cologne où il anime à partir de 1931 une série d'émissions sur la photographie, développant une approche théorique et sociale de son art. De cet épisode médiatique, il conserve l'élégant portrait à la cigarette de la Secrétaire de la station. En 1936, le parti nazi au pouvoir interdit Antlitz der Zeit et détruit ses plaques, dont il juge certains portraits peu conformes aux critères d'aryanité de la nouvelle Allemagne. Sander reste cependant libre d'exercer et son travail documentaire sur les diverses régions du pays est régulièrement publié dans des brochures jusqu'au commencement de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, l'ouverture des hostilités le conduit à s'établir dans le Westerwald, en emportant avec lui une sélection de dix mille négatifs, soit un quart de sa production. Un incendie détruira en 1946 les trente mille autres pièces restées à Cologne. Prise en charge par Gunther, son second fils et lui-même photographe, l'œuvre d'August Sander va connaître une notoriété qui s'amplifiera après sa mort, survenue le 20 avril 1964 à Kuchhausen. Le projet des [...]

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Hervé LE GOFF. AUGUST SANDER, VOIR, OBSERVER ET PENSER (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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