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ARTHROPHYTES ou SPHÉNOPHYTES

Les prêles (genre Equisetum), communément appelées « queues-de-cheval », sont actuellement les seules représentantes des Articulées ou Arthrophytes qui forment l'un des rameaux du vaste ensemble des Cryptogames vasculaires ou Ptéridophytes. Les Arthrophytes ont jadis connu une expansion extraordinaire à l'époque carbonifère où elles constituèrent une grande partie de la flore houillère : on a pu y distinguer près de 80 genres groupés en plusieurs ordres.

Leur développement est partagé en deux phases biologiquement et morphologiquement très différentes : un organisme de grande taille produisant des spores constitue le sporophyte ; sa reproduction fait intervenir des organismes distincts, très petits, nommés gamétophytes, car ils donnent naissance aux cellules reproductrices ou gamètes.

Le genre « Equisetum »

Le sporophyte

Morphologie d’une prêle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Morphologie d’une prêle

Les prêles consistent en deux types de tiges souvent annuelles, portées sur un rhizome profond et vivace : les unes chlorophylliennes, ramifiées, restent stériles ; les autres brunâtres, de diamètre plus grand, se terminent par un épi groupant des sporanges ; ce sont les tiges fertiles.

Les tiges aériennes sont cannelées : chaque entre-nœud porte des côtes longitudinales séparées par des sillons. Au niveau des nœuds se produit un décalage tel que les côtes et les sillons alternent d'un entre-nœud au suivant.

Il en est de même pour les verticilles de feuilles qui s'insèrent aux entre-nœuds. Réduites et soudées, ces feuilles entourent la tige d'une gaine foliaire assez courte.

Les prêles produisent une abondante silice à leur surface. Autrefois, on utilisait des touffes d'Equisetum, surtout E. hiemale, la « prêle des tourneurs », pour polir les bois durs ou les métaux, en raison des corps siliceux exsudés par les cellules épidermiques qui en font de véritables limes végétales. Les cendres desséchées des prêles ont donné près de 50 p. 100 (E. arvense), et jusqu'à 65 p. 100 (E. maximum), de SiO2 sous forme d'opale.

Les ramifications secondaires, qui naissent à l'emplacement des nœuds, sont également verticillées et apparaissent entre les feuilles : elles entourent la tige principale de fins rameaux qui donnent à la plante son port caractéristique.

Equisetum hiémale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Equisetum hiémale

L'examen microscopique de la coupe transversale d'une tige montre un contour sinueux déterminé par les côtes et sillons des entre-nœuds. L'espace médullaire est en grande partie lacuneux ; le tissu cortical, chlorophyllien, également lacuneux, possède, à la partie périphérique, surtout au niveau des côtes, un abondant collenchyme ; ce tissu cellulosique à paroi épaisse joue un rôle de soutien. Les faisceaux conducteurs, réduits par suite de la résorption du xylème, ne présentent aucune formation secondaire.

Spore de prêle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Spore de prêle

Le segment terminal de la tige fertile constitue l'épi sporangifère, précédé d'une gaine foliaire atrophiée, l'annulus. Cet épi porte les sporangiophores, petits axes verticillés, perpendiculaires à l'axe principal et terminés chacun par un écusson hexagonal. Sous celui-ci s'insèrent une dizaine de sporanges dans lesquels s'effectue la réduction chromatique. Les spores sont donc haploïdes et toutes semblables morphologiquement (isosporie). Leur membrane épaisse se découpe superficiellement en quatre lanières spatulées, les élatères dont la sensibilité aux variations hygrométriques facilite la dispersion.

Le gamétophyte

Les spores, qui sont chlorophylliennes, perdent rapidement leur pouvoir germinatif : dans des conditions favorables, elles germent de 10 à 12 heures après leur dispersion.

Le gamétophyte haploïde qui en résulte forme une sorte de lame microscopique, ramifiée et lobée, fixée au sol par des rhizoïdes, le prothalle.

Malgré l'isosporie, les prothalles sont en général de deux types. L'hétéroprothallie résulte, semble-t-il, des conditions[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences, professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Édouard BOUREAU. ARTHROPHYTES ou SPHÉNOPHYTES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Equisetum hiémale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Equisetum hiémale

Morphologie d’une prêle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Morphologie d’une prêle

Spore de prêle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Spore de prêle

Autres références

  • PRÊLE DES CHAMPS

    • Écrit par Pierre LIEUTAGHI
    • 460 mots

    Médicinale très importante, que rien apparemment ne distingue des mauvaises herbes les plus banales, la prêle des champs (Equisetum arvense L. ; équisetacées) peut se confondre avec la grande prêle ivoirine (Equisetum telmateia). Déjà citée par les Latins, mais sans grands commentaires,...

  • VERTICILLE, botanique

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 150 mots

    Des organes sont dits verticillés lorsqu'ils sont insérés au même niveau autour de l'axe sur lequel ils ont pris naissance.

    Ils constituent donc une sorte de couronne de pièces enveloppant l'axe de façon plus ou moins lâche. Chez les prêles (arthrophytes), chaque couronne bractéale...

Voir aussi