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CAMILLERI ANDREA (1925-2019)

Andrea Camilleri - crédits : Antonelli/ AGF/ Bridgeman Images

Andrea Camilleri

À partir de 1994, l'œuvre d'Andrea Camilleri, « auteur italien né en Sicile », suivant ses propres mots, a rencontré un succès considérable et qui ne s’est pas démenti. Reconnaissance aussi éclatante que tardive : né le 6 septembre 1925 à Porto Empedocle (la Vigàta de ses romans), près d'Agrigente (la Montelusa du même univers), Andrea Camilleri aura attendu d'avoir près de soixante-dix ans pour être connu du grand public.

Dans sa jeunesse, ses nouvelles publiées dans les journaux annonçaient pourtant une carrière littéraire plus précoce. En 1948, il est distingué par un jury pour un texte théâtral. Venu à Florence pour recevoir son prix, il relit la pièce dans le train du retour et, insatisfait de sa lecture, la jette par la fenêtre. S'ensuit néanmoins une « montée » à la capitale et le début d'une longue carrière consacrée au théâtre puis à la radio et à la télévision. Metteur en scène (entre autres de Beckett, Adamov et Pirandello, auquel sa famille est apparentée), il sera aussi producteur, et notamment d'une série à succès consacrée au commissaire Maigret, interprété par Gino Cervi.

L'archive, support de la fiction

Cette expérience de travail pour la scène et pour l'écran s'avérera décisive dans l'œuvre écrite. De fait, la première caractéristique des romans de Camilleri, c'est l'habileté de la construction et le découpage en séquences et dialogues dignes d'un scénario. La seconde, c'est sa langue, cet italien sicilianisé qu'il parlait avec son père et grâce auquel il a réussi à passer de la nouvelle au roman. D'un livre à l'autre, Camilleri ne va cesser d'enrichir cette langue, dont il use simultanément avec l'italien classique et le dialecte pur, en fonction des besoins de la narration.

À partir du milieu des années 1990, stimulée par un succès grandissant, la créativité littéraire de Camilleri va se déployer, à côté d'essais, notamment sur Pirandello, principalement dans deux registres. Suivant un procédé déjà utilisé par Sciascia, son deuxième génie tutélaire, des romans historiques à trame policière prennent pour point de départ quelques lignes d'archives évoquant un événement oublié, et à partir desquels va travailler l'imagination de l'auteur : citons ce qui peut être considéré, avec Il Re di Girgenti (2001 ; Le Roi Zosimo, 2003), comme son chef-d'œuvre : Il birraio di Preston, 1995 (traduit en français sous le titre L'Opéra de Vigàta, 1998). Dans ce dernier livre, l'habileté de la construction, sorte de maelström temporel autour de la scène initiale, ce tourbillon de flammes dévorant l'opéra d'une petite ville sicilienne, la virtuosité des allers-retours entre la farce et la tragédie, la force et la justesse du trait dans la galerie des personnages, toutes ces qualités s'appuient sur la langue qui devient le protagoniste du récit.

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Pour citer cet article

Serge QUADRUPPANI. CAMILLERI ANDREA (1925-2019) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Andrea Camilleri - crédits : Antonelli/ AGF/ Bridgeman Images

Andrea Camilleri

Autres références

  • POLICIER ROMAN

    • Écrit par Claude MESPLÈDE, Jean TULARD
    • 16 394 mots
    • 14 médias
    ...le roman Le Contexte (1971) a inspiré le film Cadavres exquis (1975) de Francesco Rosi. Un des vieux amis de Sciascia, tard venu à l'écriture, Andrea Camilleri, a su séduire le public européen avec son commissaire Montalbano qui évolue en Sicile, région natale de son créateur. Aujourd'hui, l'Italie...

Voir aussi