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ANAXIMÈNE DE MILET (env. 550-env. 480 av. J.-C.)

Né vers 556 av. J.-C., mort vers 480 av. J.-C., ce philosophe grec est l'un des trois représentants de l'école de Milet, considérés comme les premiers philosophes de l'Occident. Si Thalès tient pour acquis que l'eau est l'élément essentiel de toute matière, Anaximandre, son élève, dénomme la substance fondamentale du monde l'« infini ».

Anaximène, lui-même élève d'Anaximandre, substitue le mot aer (« air ») aux qualificatifs de ses prédécesseurs. Ses écrits ne survivent pas après la période hellénistique, mais il en reste cependant quelques bribes dans les ouvrages de ses successeurs. Leur interprétation prête donc souvent à controverse. Une chose demeure certaine cependant, Anaximène pense que toute substance provient de l'air par un phénomène de condensation et de raréfaction. Lorsque ce fluide est réparti de façon homogène, il constitue l'atmosphère banale, invisible. La condensation le rend visible par l'intermédiaire d'un changement d'état. Ainsi, il produit de la brume ou des nuages, qui donnent de la pluie. Soumise à une plus forte compression, l'eau se transforme en matière solide, telle la terre, qui se condense elle-même en pierre. Quand il se raréfie, l'air devient feu. La chaleur et la sécheresse sont typiques de la rareté de la matière, tandis que le froid et l'humidité sont liés à la matière dense.

L'hypothèse d'Anaximène selon laquelle l'air est éternellement en mouvement laisse entendre que cet élément est doué de vie. De ce fait, l'air a des qualités divines. Il est aussi bien à l'origine de l'existence des autres dieux qu'à celle de toute matière. Cette notion de mouvement éternel est valable également pour tout passage d'un état de l'air à l'autre. Anaximène voit une analogie entre l'air divin qui soutient le monde et l'air humain, l'« âme », qui anime les êtres humains. Cette comparaison entre macrocosme et microcosme lui permet de maintenir une unité dans la diversité. En outre, cette théorie renforce l'opinion des contemporains du philosophe selon laquelle il existe un principe primordial, qui régule toute vie et tout comportement.

Homme pragmatique et observateur talentueux à l'imagination vive, Anaximène décrit par exemple la lueur phosphorescente produite par une rame fendant l'eau. Sa pensée rationnelle est caractéristique de l'ère de transition entre mythologie et science. Discutant des arcs-en-ciel qui se forment parfois en plein clair de lune, il conclut qu'il ne s'agit pas d'un effet divin, mais de celui des rayons solaires sur l'air comprimé. Malgré tout, sa pensée n'est pas encore débarrassée des tendances mythologiques ou mystiques. Ainsi reste-t-il persuadé que l'Univers a une forme hémisphérique. Sa contribution à l'avancée de la pensée humaine ne tient pas à ses connaissances en matière de cosmologie, mais à ses suggestions sur le rôle des phénomènes naturels, tels que la condensation et la raréfaction de l'air. Cette démonstration, ainsi que la réduction des différences qualitatives apparentes des substances à de simples variations de quantité ont de lourdes répercussions sur le développement ultérieur de la science.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. ANAXIMÈNE DE MILET (env. 550-env. 480 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AIR, élément

    • Écrit par Georges KAYAS
    • 719 mots
    • 1 média

    Anaximène (~ 556-~ 480), à la différence de Thalès, enseignait que toute substance provient de l'air (pneuma) par raréfaction et condensation ; dilaté à l'extrême, cet air devient feu ; comprimé, il se transforme en vent ; il produit des nuages, qui donnent de l'eau lorsqu'ils sont...

  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...du monde en donnant à la diversité quasi infinie des phénomènes une origine unique. Pour Thalès (env. 630-570), le principe originel est l'eau, pour Anaximène (env. 580-520) l'air, pour Xénophane (env. 560-470) la terre. Certes, un système de transformations devait rendre compte de la diversification...
  • ÉLÉMENTS THÉORIES DES

    • Écrit par René ALLEAU
    • 8 197 mots
    Anaximène, disciple d'Anaxagore, exagéra les tendances de son maître et attribua l'origine de l'Univers à un fluide invisible, substance éternellement active dont l'air était le symbole. Tout résultait de la condensation ou de la raréfaction de ce fluide aérien, infini dans son essence primordiale, fini...
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Voir aussi