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MARQUET ALBERT (1875-1947)

Le plus sage des fauves ne doit peut-être qu'à son amitié avec Matisse et Manguin, ses condisciples dans l'atelier de Gustave Moreau, d'avoir été « enrégimenté » par eux. Si Albert Marquet participa au fameux Salon d'automne de 1905, il fit rapidement figure d'isolé. À partir de 1920, il ne quittera plus guère son atelier du quai Saint-Michel que pour des voyages réguliers (surtout à Alger où il restera de 1940 à 1945). Son œuvre est presque totalement consacrée au paysage, qu'il met en place par un graphisme concis, en recherchant souvent des cadrages originaux, qui déplacent quelque peu les points de vue traditionnels (Le Pont-Neuf, 1906, National Gallery of Art, Washington). Une alternance analogue de fermeté et de souplesse dans le tracé se retrouve dans son emploi des couleurs. Il retient de Gauguin le sens des aplats, mais il ajoute aux modulations intérieures, communes à la plupart des fauves et qu'on trouverait chez Gauguin lui-même, un parti pris, çà et là, d'inachèvement des volumes, qui correspond peut-être à une influence superficielle de Bonnard. Les quelques nus de Marquet sont acides, faussement cruels et dépourvus de sensualité véritable (Femme aux bas roses). Ses rares portraits (Le Sergent à la coloniale, 1907, coll. Lehman, New York) cherchent à renouer avec la franchise tonale de Manet. Celui que Matisse appelait « notre Hokusaï » a laissé aussi un nombre considérable de dessins et de pastels. Au demeurant, les efforts d'invention chromatique ou d'imagination interprétative sont rares dans cette œuvre qui s'est déroulée sans évolution appréciable pendant près d'un demi-siècle.

— Gérard LEGRAND

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Pour citer cet article

Gérard LEGRAND. MARQUET ALBERT (1875-1947) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • FAUVISME

    • Écrit par
    • 4 020 mots
    • 1 média
    ...s'est constitué le mouvement. La principale pépinière des fauves fut l'atelier de Gustave Moreau à l'École des beaux-arts, où Rouault, Matisse, Marquet, Camoin, Manguin, Puy et quelques autres devaient nouer des relations durables. En 1898, Derain rencontre Matisse et Puy dans une petite académie...