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A.D.G. ALAIN FOURNIER dit (1947-2004)

C'est en août 1971 qu'A.D.G. publie son premier roman, La Divine Surprise, dans la collection Série noire de Gallimard. Il raconte les mésaventures d'Alfred le Cloarec et de son fils Albert, deux truands de la vieille école qui finiront piteusement. Si son écriture tout comme son sujet évoquent Albert Simonin (Touchez pas au grisbi), l'ouvrage s'attache avant tout à démythifier le monde de la pègre, jusqu'alors présenté comme doté d'un code d'honneur. Cette vision critique du « milieu », alliée à un style élégant, allait faire de lui un des artisans du renouveau du roman noir français, au même titre que Jean-Patrick Manchette qui, trois mois auparavant, avait publié L'Affaire N'Gustro à la Série noire. Bien qu'opposés sur le plan politique – A.D.G. ne faisant aucun mystère de son engagement à l'extrême droite et de son amitié pour Jean-Marie Le Pen –, les deux hommes appréciaient leur travail littéraire respectif.

Alain Fournier naît le 19 décembre 1947 à Tours, et fréquente le collège jusqu'au brevet. Autodidacte, il est tour à tour employé de banque, bouquiniste à Blois, puis brocanteur. Il donne des spectacles avec le groupe « la jeune force poétique française », et signe ses contrats du nom d'Alain Dreux Galloux, dont les initiales constitueront son pseudonyme. Désormais installé à Paris, il continue de publier des romans au style truculent, souvent bourré de calembours et de néologismes, même s'il gâche parfois son talent en usant de certaines facilités. Après La Divine Surprise paraissent Les Panadeux (1972), texte très autobiographique où l'on voit les personnages centraux, interdits de séjour, vendeurs de fripes à Orléans, préparer un hold-up, et Cradoque's band (1973) qui décrit les « paumés » de la zone. Parmi ses autres réussites : La Marche truque (1972), qui raconte la cavale de Daniel, fils d'avocat parti avec des dossiers compromettant diverses personnalités ; Je suis un roman noir (1974), qui mérite bien son titre, a pour protagoniste un écrivain de polar mêlé à un chantage politique ; L'Otage est sans pitié (1976), où un employé de banque rêve de réussir un gros coup. Une mention spéciale s'impose pour La Nuit des grands chiens malades (1972) et Berry Story (1973), deux aventures berrichonnes qui se déroulent entre Bourges et Châteauroux, dans le petit village de Saint-Vincent du Saux. La première met en scène une bande de « hippizes » avec leur « dreugue » et leur « ouiskie » qui affolent les villageois avant de leur prêter main forte contre des « gangstères ». Dans la seconde, les mêmes villageois sont confrontés à Zéphirin da Costa, qui veut transformer sa propriété en orphelinat d'un genre particulier pour pensionnaires de dix-huit à vingt ans.

Le Grand Môme (1977) marque le début d'une série humoristique dont le protagoniste, Serguie Djerbitskine, surnommé « Machin », gros journaliste soiffard et amateur de poissons rouges, travaille à Blois. Il cède vite la vedette à un autre personnage récurrent, l'avocat Pascal Delcroix, un royaliste qui, après le meurtre accidentel de son grand-père, veut se faire justice (Pour venger Pépère, 1981). Après plusieurs années de silence, A.D.G, parti s'installer en Nouvelle-Calédonie, utilisa de nouveau ces deux personnages dans trois romans sans grand intérêt. Sa dernière surprise reste la publication de Kangouroad Movie (2003). Le roman est situé au Queensland, où Paddy, ancien baroudeur des S.A.S. australiens, est affecté à l'entretien d'une clôture destinée à empêcher les lapins et les dingos de venir ravager les zones exploitées. Peuplé de personnages mémorables, ce thriller écologique et plein d'humour fut l'ultime réussite d'A.D.G.

— Claude MESPLÈDE

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