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ABULAFIA ABRAHAM BEN SAMUEL (1240-apr. 1291)

Kabbaliste né à Saragosse, Abulafia voyage dès sa première jeunesse en Palestine, où la guerre des chrétiens contre les musulmans l'arrête à Acre et le force à revenir en Europe. Il se marie en Grèce, puis séjourne quelque temps en Italie, à Capoue, où il étudie sous la direction de Hillel ben Samuel de Vérone et de Baruch Togarmi, auteur d'un commentaire du Sefer Yesira. Il commence à enseigner lui-même à Barcelone à partir de 1271.

Il entreprend à travers l'Europe, en 1273, un second voyage au cours duquel il écrit ses premiers grands ouvrages : l'un de ses traités, Les Mystères de la Torah(Sitrey Tōrāh), est un commentaire kabbalistique de l'ouvrage du philosophe Moïse Maimonide, Le Guide des égarés, auquel Abulafia attribue des tendances mystiques. En 1280, il se rend à Rome pour obtenir du pape l'allégement des souffrances imposées aux Juifs. Le pape le fait condamner au bûcher, mais meurt avant l'exécution de la sentence.

Abulafia, libéré, se rend à Messine, où il écrit plusieurs ouvrages et annonce l'avènement du Messie pour 1290, ce qui éveille des oppositions et des méfiances. Parmi ses adversaires se trouve la plus grande autorité rabbinique de l'époque, Salomon ben Adret de Barcelone. Abulafia est obligé de fuir à l'île de Comino, où il écrit en 1288 son ouvrage prophétique Le Livre du signe (ou Le Livre des lettres). En 1289, il rédige un commentaire sur la Torah et un commentaire sur le Sefer Yesira, qui renferme une critique sévère du christianisme. En 1291, il achève son plus grand ouvrage, Paroles respectueuses (Imrey Shefer).

La kabbale d'Abulafia diffère de celle des kabbalistes espagnols par les méthodes d'herméneutique auxquelles elle recourt et par ce qu'elle enseigne sur la puissance de prophétie sur laquelle elle fonde celles-ci (cf. G. Scholem, Les Grands Courants de la mystique juive, Paris, 1962).

— Gabrielle SED-RAJNA

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Pour citer cet article

Gabrielle SED-RAJNA. ABULAFIA ABRAHAM BEN SAMUEL (1240-apr. 1291) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JOSEPH IBN GIQATILIA (1248-1325)

    • Écrit par Roland GOETSCHEL
    • 288 mots

    Kabbaliste espagnol, né à Medinaceli en Castille, Joseph ben Abraham Giqatilia passa de nombreuses années à Ségovie. Entre 1272 et 1274, il étudie auprès d'Abraham Abulafia, et son premier ouvrage, 'Ginnat Egōz (Le Verger des noyers), rédigé en 1276, porte l'empreinte de la ...

  • KABBALE

    • Écrit par François SECRET, Gabrielle SED-RAJNA
    • 7 223 mots
    ...recourent aux noms divins et doivent conduire à l'illumination prophétique. Le plus éminent représentant de ce « kabbalisme prophétique » est Abraham Abulafia, disciple de Baruch Togarmi ; il a laissé, en plus des écrits relatifs à cette nouvelle discipline, une interprétation mystique du Guide...

Voir aussi