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BEC-HELLOUIN ABBAYE DU

Il ne reste de l'abbaye du Bec-Hellouin, dans l'Eure, que quelques vestiges médiévaux et surtout les magnifiques bâtiments monastiques des xviie et xviiie siècles. Ce fut une des plus brillantes abbayes de la Normandie, au xie siècle. Un premier édifice, probablement de bois, fut bâti par Hellouin en 1035 sur le territoire de Bonneville, que la petite communauté dut quitter car il ne possédait ni cours d'eau ni source. Les moines s'installent près de Pont-Authou, au confluent du Bec et de la Risle, sur des terres soumises à des inondations fréquentes ; mais, abandonnant une nouvelle fois leur refuge, ils se fixent au lieu où s'élève le monastère actuel. L'église est consacrée en 1077 par Lanfranc, ancien prieur du Bec, devenu abbé de Saint-Étienne de Caen, puis archevêque de Cantorbéry en 1070. Incendiée en 1150, l'église est reconstruite et dédicacée en 1178. L'histoire de l'abbaye du Bec est tracée par les nombreux incendies survenus en 1197 et en 1263, qui déterminèrent de nouvelles reconstructions. Lors de la guerre de Cent Ans, l'abbaye fut fortifiée, certains bâtiments claustraux rasés, plusieurs fenêtres bouchées. À partir de 1452, l'abbé Geoffroy Benoît releva l'abbaye de ses ruines et fit dresser la tour Saint-Nicolas, encore debout aujourd'hui. Vers 1645, alors que l'église reste en ruine, les Mauristes décident la reconstruction du cloître, de l'hôtellerie, de l'infirmerie et du dortoir et, dans la première moitié du xviiie siècle, celle du logis abbatial et du réfectoire.

La participation de Guillaume de La Tremblaye, architecte et frère convers de la congrégation, qui travailla à l'Abbaye-aux-Hommes de Caen, est fort probable. L'église abbatiale est détruite en 1810, et les matériaux de construction revendus, tandis que les bâtiments conventuels sont utilisés comme écuries, puis comme dépôt de remonte. Ce n'est qu'en 1959, après un très long travail de restauration, qu'une communauté reprit possession des lieux et transforma l'ancien réfectoire en église.

De l'abbaye du Bec, il ne demeure plus à l'heure actuelle que la tour Saint-Nicolas du xve siècle, les bâtiments monastiques de l'époque classique et les fondations de l'église du xiiie siècle, mises au jour lors des travaux de restauration. Celle-ci se composait d'une nef à trois vaisseaux, d'un transept peu saillant, d'un chœur très profond avec abside, déambulatoire et sept chapelles rayonnantes, dont la chapelle d'axe, dédiée à la Vierge, était plus importante. L'édifice était couvert de voûtes d'ogives quadripartites sur plan barlong, et le mur du fond du bras sud du transept, encore debout, s'orne d'un réseau plaqué simulant une fenêtre ce qui est caractéristique de l'art rayonnant. Ce seul vestige laisse présumer de la qualité architecturale de l'église. Quant aux bâtiments conventuels, ils offrent un des plus beaux exemples d'architecture classique, par l'élégance de leurs proportions, la sobriété de leur décoration ; ils ressemblent beaucoup à ceux de Caen.

L'abbaye du Bec-Hellouin fut surtout célèbre, au xie siècle, pour l'école monastique qu'elle abritait, créée sous l'abbatiat d'Hellouin. Son déclin rapide naquit de l'influence sans cesse grandissante que connut le collège fondé par Robert de Sorbon à Paris. Les deux plus fameux écolâtres du Bec furent Lanfranc et saint Anselme, tous deux originaires d'Italie. Lanfranc, né à Pavie en 1005, fonda une école à Avranches, puis entra au Bec vers 1042, où la qualité de son enseignement attira de nombreux étudiants, dont Anselme. Lanfranc quitta l'abbaye pour devenir abbé de Saint-Étienne de Caen en 1063, puis, par la suite, archevêque de Cantorbéry. Mais l'école du Bec connut son apogée sous saint Anselme, né à Aoste en[...]

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Maryse BIDEAULT. BEC-HELLOUIN ABBAYE DU [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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