Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WRIGHT OF DERBY JOSEPH WRIGHT dit (1734-1797)

<it>Le Planétarium</it>, J. Wright - crédits :  Bridgeman Images

Le Planétarium, J. Wright

Peintre anglais, contemporain de Reynolds qui apporte à l'art de son époque une contribution extrêmement originale. Sa carrière se déroule presque entièrement dans son Derbyshire natal (d'où son surnom), loin de Londres, et, sauf exceptions rares et peu convaincantes (Mrs. Sacheverell Pole et son fils, 1771, coll. Chandos-Pole), il ne cherche guère à suivre l'exemple de Reynolds et des peintres d'histoire qui s'ingénient à implanter l'orthodoxie néo-classique en Angleterre. Il fut (comme Reynolds) l'élève du portraitiste Thomas Hudson (1701-1779), qui lui enseigna les formules éprouvées du portrait anglais de la première moitié du xviiie siècle : modèles vus en buste, effets de draperies, poses et expressions stéréotypées, etc. Wright applique consciencieusement ces formules dans l'abondante production que lui commande la clientèle de Derby. Il y apporte aussi quelques innovations, se rapprochant parfois des poétiques portraits dans des paysages de Gainsborough et de Stubbs (Mr. et Mrs. Thomas Coltman, env. 1771-1772, coll. Rogers-Coltman), d'autres fois des portraits bourgeois dans des intérieurs, dans le genre de Ramsay (Mrs. Sarah Clayton, env. 1769, Fitchburg Art Museum, Mass.). Son écriture personnelle, compacte et comme veloutée, se définit assez vite, et, dans l'ensemble, son œuvre de portraitiste est de haute qualité, mais son originalité est ailleurs : dans ce que Diderot appelle, à la même époque, en France, « le genre sérieux ». En effet, Wright refuse l'intellectualisme de la peinture d'histoire, sa « grandeur » conventionnelle, ses effets de théâtre, mais il en conserve l'idéal de dignité. Il l'applique à la présentation de la société contemporaine, en le tempérant d'émotion, dans un climat légèrement irrationnel où s'épanche la « sensibilité » préromantique. Après 1760, Wright met au point une formule très efficace de clair-obscur (éclairages à la chandelle, au clair de lune, etc.). Elle a pour origine le ténébrisme nordique de Honthorst, de Ter Brugghen (Deux Petites Filles déguisant un chat à la lueur d'une chandelle, env. 1768-1770, coll. Riley), mais renouvelé par une étude de la lumière où transparaissent les curiosités scientifiques du temps. Wright est en rapport avec Erasmus Darwin et tout un milieu intellectuel d'avant-garde dont les intérêts et les méthodes rejoignent ceux des encyclopédistes français. Il est aussi un des premiers peintres à s'intéresser à la révolution industrielle, dont il fonde en quelque sorte l'iconographie. L'assemblage de ces motifs, de ces sentiments, de cette manière, reste parfois un peu hétéroclite et superficiel, mais il aboutit à plusieurs reprises, vers 1765-1770, à des chefs-d'œuvre sans équivalent dans la peinture européenne du temps : Trois Hommes regardant « Le Gladiateur » à la lueur d'une chandelle (coll. part.), Le Planétarium (Derby Museum and Art Gallery), l'Académie de la collection Mellon (en dépot à la Tate Gallery, Londres), Deux Jeunes Garçons se battant autour d'une vessie (coll. Rogers-Coltman), diverses Forges (coll. Mellon, coll. Broadlands), Ermite étudiant l'astronomie (Derby Museum and Art Gallery), et surtout l'extraordinaire Expérience sur un oiseau enfermé dans une pompe pneumatique (Tate Gallery, Londres). En 1772, Wright peint Miravan ouvrant le tombeau de ses ancêtres (Derby Museum and Art Gallery), qui introduit dans le domaine de la peinture d'histoire une poésie de roman noir proche de Lewis et de Ann Radcliffe. La littérature contemporaine continuera jusqu'à la fin de sa carrière à alimenter cette puissante veine romantique (Le Soldat mort, 1789, sur un poème de Langhorne, coll. James Ricau), dont témoigneront aussi de nombreux paysages de grottes et de rochers au clair de lune, empreints[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Pierre GEORGEL. WRIGHT OF DERBY JOSEPH WRIGHT dit (1734-1797) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Le Planétarium</it>, J. Wright - crédits :  Bridgeman Images

Le Planétarium, J. Wright

<it>L'Expérience de la pompe à air</it>, Wright of Derby - crédits :  Bridgeman Images

L'Expérience de la pompe à air, Wright of Derby

<it>Maria et son chien</it>, J. Wright of Derby - crédits : AKG-images

Maria et son chien, J. Wright of Derby

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par Jacques CARRÉ, Barthélémy JOBERT
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    Deux autres portraitistes majeurs de cette période méritent d'être connus : le premier, Joseph Wright of Derby (1734-1797), a exercé uniquement en province, mais le contact du milieu industriel et scientifique des Midlands lui a donné le goût de peindre les gens au travail et les savants dans leurs...

Voir aussi